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Histoire de l'Université de Haute-Alsace
Le domaine de l'Illberg avant l'implantation du campus universitaire
STOSKOPF, Nicolas. Université de Haute-Alsace. La longue histoire d'une jeune université. Strasbourg : La Nuée Bleue, 2005. P.26-28.
Dès son élection, à la suite du décès de Jean Wagner, et sa prise de fonction, le 8 octobre 1956, Émile Muller fit allusion à de grands projets qui devaient transformer Mulhouse en "une ville modèle1". Il est très probable que la réalisation de ce qui deviendra le campus universitaire de l'Illberg2 était déjà envisagé à ce moment. En effet, la Ville avait repris en juillet 1955 un projet de régularisation des bords de l'Ill et de création d'un parc municipal des sports qui remontait à 1937. Touché par l'expropriation d'un quart de ses terres, le gérant de la société anonyme du domaine de l'Illberg, Pierre Schlumberger3, offrit en novembre 1955 de céder la totalité des parts sociales, et donc des 69 hectares du domaine, pour un prix de 172 millions de francs de l'époque4. Il fallut attendre un vote à huis clos du conseil municipal le 1er juillet 1957 pour officialiser la transaction5. Quelques mois plus tard, le 12 novembre, Émile Muller put annoncer au conseil municipal en séance publique la création du "groupe universitaire de l'Illberg" qui comprendrait l'ouverture d'une propédeutique scientifique, le transfert de l'École de chimie et la construction d'une cité universitaire. La ville offrait le terrain et inscrivait à son budget de 1958 une somme de 10 millions de francs pour permettre le démarrage rapide des travaux. A y*un conseiller qui lui reprochait le manque de clarté de son propos, Émile Muller répliqua avec aplomb : "Bien sûr, l'exposé n'est pas très clair, il n'est même pas chiffré : il s'agit simplement de la prise en considération d'un de nos projets. (...) Nous vous demandons actuellement, sans pou autant pouvoir chiffrer, ni le montant des travaux, ni la subvention de l'État, de vous engager à demander à l'Éducation nationale l'implantation de toute cette cité universitaire à Mulhouse sur un terrain que nous mettons à disposition de l'Éducation nationale". Sur ce point, l'action de la municipalité fut décisive, comme le reconnut Bernard Thierry-Mieg un peu plus tard : si Gaston Berger et Pierre Donzelot, directeur de l'équipement universitaire, scolaire et sportif au ministère de l'Éducation nationale6, s'était laisser convaincre d'implanter à Mulhouse un collège universitaire, "c'est d'abord parce qu'ils ont été séduits par l'esprit novateur d'une municipalité qui avait acquis à l'avance tous les terrains nécessaires à l'oeuvre dont ils étaient responsables".
1 Discours d'intronisation d'Émile Muller, séance du conseil municipal, 8.10.1956, Archives municipales de Mulhouse (AMM).
2 Non seulement le terme de campus n'est pas utilisé à l'époque, mais il sert de repoussoir : ainsi aux Journées textiles d'octobre 1961, Jean Pozzi, délégué général du ministère de la Construction, chercha à démontrer que l'Illberg se distinguerait des campus anglo-saxons isolés de la ville dans laquelle ils était un corps étranger et qu'il permettrait au contraire aux étudiants et aux professeurs de s'intégrer à la vie urbaine. Cf. J. Pozzi, "Développement et harmonisation des implantations scolaires et universitaires dans le cadre de la ZUP de l'Illberg", Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse (BSIM), n°704, 3-1961, p.36.
3 Né en 1891, il était le petit-fils de Jules-Albert Schlumberger (1804-1892) qui exploitait à Mulhouse les usines de la Dentsche ( à l'emplacement de la tour de l'Europe) et de la Mer Rouge.
4 Lettre du 7.11.1955, Réquisition et cession du domaine de l'Illberg, AMM 10 Ad 22.
5 Au prix de 127,8 millions de francs qui tenait compte de l'expropriation préalable de 18 ha. Point 11 de la séance à huis clos du conseil municipal de Mulhouse, 1.7.1957, AMM 1118 W 41.
6 Pierre Donzelot (1901-1960), né à Valentigney, docteur en sciences physiques, avait été le prédécesseur de Gaston Berger comme directeur général de l'enseignement supérieur de 1948 à 1953. Après une mission aux États-unis, il occupa ses nouvelles fonctions au ministère de l'Éducation nationale à compter d'août 1956.
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Patrimoine de l'Université de Haute-Alsace
Le projet d'aménagement du centre universitaire et sa maquette
STREITH, Jacques
La maquette géante du projet de Centre Universitaire exposée en mai 1958 au Palais des Sports de Mulhouse.
Sous l’impulsion du Magistrat et de la Société Industrielle de Mulhouse s’était mis en place vers 1956 un groupe de six personnes qui avaient pour mission de proposer des mesures concrètes en vue de la création d’un Centre universitaire sur la colline de l’Illberg. Un des membres de ce groupe, l’architecte François Spoerry, ainsi que son collègue René Rotter, avaient été chargés d’élaborer un plan d’aménagement urbanistique, le long d’un croissant ouvert vers le nord et couvrant quelque 150 hectares en bordure sud de la ville. Ce plan comportait une zone d’habitation, le futur quartier des « Coteaux », un vaste complexe sportif et un campus universitaire, ce dernier sis sur la colline de l’Illberg au centre de cette longue « banane ». Dans un premier temps, les deux architectes se déplacèrent à Mexico où venait d’être créé un complexe universitaire pour trente mille étudiants, avec pour objectif de s’en inspirer. Dans un deuxième temps, ils conçurent un plan d’ensemble qui fut concrétisé par une maquette géante dont la partie « campus » fut unanimement appréciée par les autorités ministérielles au cours des Journées Scientifiques des 21 au 23 mai 1958 à Mulhouse. A quelques détails près, ce plan d’ensemble fut approuvé par Marcel Lods, l’architecte nommé par le Ministère.
Vers la fin du 20ème siècle, les réalisations architecturales et urbanistiques étant achevées, force est de constater que le plan d’urbanisme présenté en 1958 a pu être réalisé dans ses grandes lignes conformément aux idées directrices des concepteurs de la maquette géante. Notons en passant que le mail central - sur lequel donnent les entrées de quelque douze institutions universitaires - et la Tour de l’Europe - érigée au centre de la ville - se trouvent être placés sur le même axe. Une vue panoramique, prise du deuxième étage du bâtiment qui est construit à l’extrémité la plus haute du campus, est du plus bel effet. On y voit successivement, le long de l’axe du mail central et en direction du nord-est:
- les bâtiments du campus en enfilade ; - le complexe sportif avec, en particulier, le stade de football municipal ; - la Tour de l’Europe dans l’axe du mail et, de part et d’autre, l’ensemble des clochers du centre ville ; - à l’horizon et par beau temps le vieux volcan du Kaiserstuhl et la Forêt Noire.
Les Mulhousiens, du moins ceux qui ont eu la curiosité d’admirer ce panorama, éprouveront une légitime fierté au vu de cette réalisation au long cours, construite sous l’énergique poussée de leurs édiles…et avec une partie de leurs impôts.
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L'implantation de l'enseignement supérieur à Mulhouse
DONNET Jean-Baptiste et GROS Jacques-Henri
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