DOLLE, Jean-Michel et MEYBECK, Jean.
École supérieure de chimie de Mulhouse
: histoire de l'école 1822-1972.
Mulhouse : ENSCMu, 1972.
p. 14-50
Des
origines à l'École Municipale de Chimie
de Mulhouse
En 1746 à Mulhouse
Qui veut étudier
l'histoire de Mulhouse notera que jusque
vers 1750, cette ville ne fut en fait
qu'une modeste bourgade, rattachée à la
Confédération Helvétique. A cette époque
un peu partout en Europe et surtout en
Angleterre, vont commencer à se développer
les «Industries». L'année 1746 marque
l'ouverture par trois Mulhousiens,
Jean-Henri Dollfus, Samuel Koechlin,
Jean-Jacques Schmalzer d'une
fabrique pour l'impression des étoffes :
ce fut l'aube d'une ère nouvelle.
En effet, jusque vers 1750, Mulhouse avait
gardé son caractère artisanal et agricole,
chaque corps de métier étant affilié à une
corporation : celles des tailleurs, des
bouchers, des maréchaux, des boulangers,
des agriculteurs, des vignerons.
L'introduction de l'impression sur étoffes
allait profondément modifier ce cadre
économique et social. Les créations de
nouvelles manufactures se succédèrent à
une cadence étonnante : on en compte deux
en 1752, dix en 1764, seize en 1776.
Cette même année, on avait imprimé à
Mulhouse 80 000 pièces de toile de coton,
soit 1 600 000 mètres. Au début, ces
impressions furent fort grossières, les
coloris étant limités au rouge et au
noir. Mais peu à peu les fabricants
voulurent produire des tissus imprimés de
meilleure qualité, avec des coloris
toujours plus riches. Or la principale
difficulté de l'impression sur étoffes
était d'obtenir des colorants solidement
fixés sur le tissu. Ces problèmes
devinrent de plus en plus délicats et
ceci à cause, principalement, de la présence
de nouveaux colorants sur le marché. II
fallait désormais être chimiste pour
pouvoir connaître le mode d'application
des colorants aux tissus. Or, ces spécialistes
faisaient gravement défaut à Mulhouse,
d'où le projet d'ouvrir un cours de
chimie dans cette ville.
C'est ainsi que naquit l'idée de cours
de chimie appliquée aux « Arts ».
II en est question pour la première fois
en 1811, comme le prouve un rapport du
Conseil Municipal en date du 5 mai de
cette même année ; en voici le programme
:
« ... un
cours de statistique commerciale et de
chimie élémentaire appliquée aux « Arts »
doit familiariser de bonne heure les
élèves avec les premières connaissances
indispensables pour l'état qu'ils se
proposent d'embrasser. Traité avec méthode
et avec tous les avantages d'une précieuse
analyse, le cours éclairera les efforts
souvent infructueux de la routine, formera
des fabricants éclairés et nourrira une
pépinière de jeunes chimistes dont, par la
suite, l'activité et les heureux efforts
donneront un nouveau lustre à l'industrie
des Mulhousiens ».

Mulhouse en 1821,
"du coté du couchant"

Fabrique
d'indiennes & Filature de coton de M.
Dollfus Mieg & Cie
à
Dornach (près Mulhausen) 1822
En 1812, on créa le Collège Communal
(1) : les cours avaient lieu dans une
maison située place Lambert qui, avant la
Réforme, avait servi de logement au Curé
de la paroisse Saint-Etienne. C'était déjà
une véritable école technique, puisque les
sciences mathématiques, physiques et
chimiques y constituaient la base de
l'enseignement, alors que le « latin et le
français formaient le complément de
l'instruction ».
En 1818, le Conseil Municipal put acquérir,
pour la somme de 40 000 francs une maison
sise Grand-Rue, dans laquelle
Godefroy Engelmann avait installé, en
1815, le premier établissement
lithographique fondé en France. C'est
dans cet immeuble qu'eurent lieu, en 1822,
les premiers cours de chimie appliquée
aux « Arts ».
Le 1er mars 1822
En 1819,
dans son rapport sur « l'Exposition des
Produits Industriels », le Préfet
exposait au Ministre de l'Intérieur,
l'utilité de la création d'une chaire de
chimie à Mulhouse. Emile Schlumberger fit
les démarches à Paris en vue de trouver
un Régent pour cette chaire ; Dulong et
Thenard lui recommandèrent Degenne,
ancien élève de l'École Normale Supérieure.
Selon Gueneau de Mussy, membre du Conseil
Royal de l'Instruction Publique, Degenne
« est très fort en physique et en chimie
et, de plus, il a toute la sagacité nécessaire
pour faire l'application de ses
connaissances aux « Arts »
(2).
L'ouverture
du cours de chimie fut annoncée dans les
« Affiches de Mulhouse »
(3) : « le
cours de chimie appliquée aux Arts,
commencera le 1er mars 1822 (lundi,
mercredi, jeudi et samedi de 5 à 7 heures
du soir), à raison de 6 francs par mois.
On admettra 10 préparateurs... ».
Le nombre
d'inscriptions apparut au départ riche de
promesses. On comptait 44 auditeurs dont
la grande majorité était des Mulhousiens
issus de familles de manufacturiers (Koechlin,
Schlumberger, Schwartz, Thierry, Zuber,
Mieg, Dollfus, Zundel et Heilmann...
(4). Néanmoins,
les débuts de ces cours ne tardèrent pas
à se heurter à de nombreuses difficultés.
Degenne devait à la fois enseigner,
organiser le laboratoire, surveiller les
préparateurs, veiller à l'achat des
produits et ceci sans programme précisé
au préalable. « La tâche la plus pénible
est ce cours pratique ; vous pouvez prévoir
d'avance combien il faut de soins, quelle
surveillance active il faut exercer sur
six jeunes gens qui travaillent ensemble
toute la journée pour qu'ils viennent à
bout de leur expériences »
(5).
Les Difficultés de Degenne
Après un
an d'expérience, Degenne réorganisa son
enseignement ; en 1823, les cours débutèrent
par « l'exposé des principes de physique
théorique et appliquée aux Arts, nécessaires
pour l'intelligence de la partie purement
physique ». Cette réorganisation entraîna
des dépenses importantes : le Bureau
d'Administration du Collège jugea bientôt
excessives les exigences somptuaires du
jeune professeur. Les rapports entre la
municipalité et Degenne se tendirent
encore, lorsque celui-ci partit en
vacances sans en avoir obtenu
l'autorisation préalable comme il était
de rigueur à cette époque. Degenne ne
reprit pas ses cours en septembre 1824 ;
le Bureau d'Administration décida alors
de suspendre les cours de chimie. Le
Recteur entérina cette décision : «
constatant que pour l'alimentation des
cours dont ce régent a été chargé, il
a fait, malgré les avertissements qui lui
ont été donnés, des dépenses fort
au‑dessus des moyens que le Bureau
d'Administration pouvait mettre à sa
disposition, qu'il a endetté la caisse du
Collège d'une somme considérable,
qu'invité à rester au Collège pour
ouvrir ses cours le 4 septembre dernier,
époque à laquelle le Collège lui-même
est rentré, il a par une désobéissance
affectée et par conséquent très blâmable,
quitté la ville de Mulhouse pour n'y
rentrer que longtemps après la reprise
des classes, qu'il s'est permis de faire
imprimer et de signer un prospectus de
deux cours de chimie sans avoir consulté
le Bureau d'Administration du Collège, ni
obtenu le visa du Recteur, arrêtons que
les cours de chimie du Collège de
Mulhouse sont provisoirement suspendus »
(6).
Achille Penot, successeur de Degenne
Les cours de chimie ne furent repris
qu'en mai 1825, sous la direction
d'Achille Penot, alors régent de physique
au Collège d'Aix.
Quant à Degenne, il ouvrit un cours
privé à la Porte Jeune, cette ouverture
fut annoncée par voie d'Affiches
(7).
« Pour donner à une institution aussi
utile toute l'extension qu'il est
possible, il sera fait cette année deux
cours :
1. Cours de chimie élémentaire, leçons
les lundis et mercredis à six heures précises
du soir,
2. Cours de chimie appliquée aux arts
et spécialement au chauffage et à la
fabrication de l'Indienne, leçons tous
les mercredis à 5 heures et demie précises.

Département du Haut-Rhin, Samedi le 16
février 1822 Affiches de Mulhausen n°7
Outre ces
deux cours, il sera admis, comme élèves
préparateurs, cinq jeunes gens ayant déjà
suivi un cours quelconque de chimie
pendant environ 1 an et reconnus en état
d'être admis à cette place, et de plus
trois élèves commençant, qui
travailleront également au laboratoire,
mais deux heures par jour seulement sous
la direction d'un répétiteur.
L'augmentation
notable faite au laboratoire, l'extension
de nos moyens pécuniaires, créée par
une nouvelle organisation, le choix d'un
chef préparateur habile, remplissant
aussi les fonctions de répétiteur sont
garants d'avance de l'intérêt que ce
nouveau cours doit exciter. Je ferai en
outre tous mes efforts pour prouver que
l'on peut maintenant en cette ville,
donner autant d'extension aux études
chimiques que dans Paris même, où
l'instruction serait plus dispendieuse,
mais où l'on ne serait pas à même de
cultiver aussi bien cette science dans une
de ses applications les plus importantes
pour ce département. Les personnes qui
dans l'intérêt de leurs concitoyens ont
fondé ce cours, ne peuvent manquer de
seconder nos efforts, elles pourront en
tout temps s'assurer de la réalité de
ces promesses (signé L. Degenne, 19
novembre 1824) ».
Le Maire de
la ville craignant que ce cours ne
concurrençât celui de Penot, en demanda
la fermeture. Degenne grâce à des appuis
puissants obtint une autorisation ministérielle
pour poursuivre son enseignement. C'est
ainsi qu'en 1825, à Mulhouse,
fonctionnaient deux cours de chimie
appliquée aux Arts. Celui de Degenne
cessa subitement en raison de la
disparition accidentelle de son promoteur
; quant à son laboratoire, il fut vendu.
Penot, de caractère beaucoup plus
souple que son prédécesseur, organisa
cependant son cours selon le plan préconisé
par ce dernier. II obtint bientôt des crédits
de fonctionnement assez importants. Les
rapports de Penot et de la municipalité
furent encore améliorés grâce à la
fondation, en 1826, de la Société
Industrielle de Mulhouse. Malgré cela
Penot, dès 1827, se voyait contraint de
formuler de nouvelles demandes de crédit
auprès de la Municipalité. « Le
laboratoire de chimie du Collège se
trouve dans un tel état de dénuement,
que je crois devoir fixer sur cet objet
les yeux de l'administration »
(8).
Dans une
lettre en date du 22 septembre 1828, le Président
de la Société Industrielle demandait la
gratuité du cours de chimie, ceci en
raison de la diminution progressive de
l'effectif des auditeurs. Dans sa réponse
du 3 octobre 1828, le Conseil Municipal déclara
que « la proposition ci-dessus
ne peut être prise en considération »
(8).
Malgré ces difficultés, le cours de
chimie se développa et connut bientôt un
vif succès grâce essentiellement à la
très forte personnalité d'Achille Penot.
Ce remarquable savant s'intéressa, à côté
de ses préoccupations scientifiques, à
de nombreux problèmes d'application,
comme en témoignent ses nombreuses
publications dans le Bulletin de la Société
Industrielle. Ses mémoires sur l'analyse
de la bouse de vache et son emploi dans la
fabrication des toiles peintes étaient célèbres
à l'époque.
Dès 1831,
fut organisé un enseignement de physique.
En 1841, se situe un plaisant événement
qui semble avoir défrayé la « chronique
scandaleuse » d'alors. Nous en
trouvons l'écho dans une lettre adressée
par le Directeur du Collège au Maire de
la Ville de Mulhouse, que nous
reproduisons ici
(9).
«
Mulhouse, le 7
novembre 1841
Monsieur le Maire,
Depuis
le commencement de l'année, j'ai remarqué
que les chimistes vont constamment chez le
portier au lieu de travailler dans le
laboratoire. Les motifs de ces visites si
fréquentes me paraissent être la présence
de la fille d'Hartmann ; j'ai défendu
hier, de la manière la plus formelle, au
Sieur Hartmann de laisser jamais entrer
dans sa loge un quelconque des élèves
chimistes.
Je voudrais bien pouvoir en
dire autant aux préparateurs, mais je
sais que mon injonction n'aurait aucune
sanction, les intérêts que j'ai à
surveiller dans cette circonstance sont si
précieux que je regrette vivement d'être
désarmé.
J'ai fait part à Monsieur Penot de mes préoccupations, et il les a
partagées. Dès l'an dernier,
m'a-t-il dit, j'ai pris, mais
en vain, la mesure que vous venez
d'ordonner. Je veillerai avec la plus
grande sollicitude à ce que les élèves
n'aient aucune relation avec la fille du
portier et, si l'interdiction de la loge
ne suffisait point, je n'hésiterais pas
à provoquer les mesures qui me paraissent
nécessaires pour le maintien de la bonne
marche de cet établissement dont vous
m'avez confié la direction.
J'ai
l'honneur... ».
De la
Grand-Rue à la rue Huguenin
En 1854,
les classes industrielles du Collège
Municipal furent détachées de ce dernier
pour former l'École Professionnelle de
Mulhouse. En même temps que la ville
ouvrait cette École, le gouvernement français
créait les Écoles Supérieures des
Sciences Appliquées (décret du 24 août
1854). Le programme de celles-ci se
rapprochait de ceux de la licence ès-sciences.
Ces « Écoles » en effet se situaient
entre les lycées et les facultés, c'est
à dire entre le niveau du baccalauréat
et celui de la licence, mais avec une
orientation plus pratique. L'École Supérieure
des Sciences Appliquées ouvrit ses cours
en novembre 1855 dans les locaux de l'École
Professionnelle et de l'École de Dessin de
la rue Huguenin : les plans en avaient été
dessinés par l'architecte mulhousien J.B.
Schacre
(1). Le laboratoire de chimie
ayant déjà pu s'assurer, en raison de
son importance, une indépendance
incontestée, fut agrandi et annexé aux
deux Écoles précitées.

École
Professionnelle (à droite, les
laboratoires)
Ce fut Paul
Schutzenberger (1830-1897) qui fut
chargé du cours de chimie, alors que
Penot prenait la direction de l'École des
Sciences Appliquées, et enseignait la
physique. Sous l'influence de
Schutzenberger (1855-1865), le
programme du cours de chimie fut orienté
vers l'enseignement scientifique, complété
par le travail au laboratoire, pour former
de jeunes chimistes aptes à rendre à
l'industrie les services dont elle avait
besoin. Grâce à la Société
Industrielle et à la Ville de Mulhouse,
un nouveau laboratoire perfectionné,
permettant aux élèves de s'initier à
l'Analyse Qualitative et Quantitative, fut
bientôt installé.
1866 : création
de la section de chimie indépendante
Les cours
de chimie furent, par la suite, portés à
deux ans et en 1866, cet enseignement
donna naissance à la Section de Chimie
Indépendante, rattachée comme annexe à
l'École Supérieure des Sciences Appliquées.
Pendant ces deux années d'études, les élèves
suivaient, à côté des cours de chimie générale
et de physique, des cours de chimie
analytique et industrielle. Le temps laissé
libre par les cours était consacré aux
travaux pratiques, soit en tout 30 heures
par semaine. Comme conditions d'admission,
il fallait être âgé de 16 ans au moins
et justifier des notions élémentaires de
chimie exigées pour le baccalauréat. Au
bout de ces deux années de formation, un
certificat d'études était délivré à
tous ceux qui avaient subi avec succès
l'examen final.
L'enseignement
de la chimie après le départ de
Schutzenberger en 1865, fut confié à
Rosenstiehl (1865-1868), puis à
Perrey (1868-1871) ; quant à
Schneider, il enseigna la physique de 1864
à 1874
(10).
L'École Municipale de
Chimie de Mulhouse
En 1870 la
guerre éclata et l'Ecole Supérieure des
Sciences Appliquées fut fermée. Seule l'Ecole
Professionnelle put être sauvée ainsi
que la Section de chimie qui devint en
1871 l'Ecole Municipale de Chimie
Industrielle. La réorganisation de
celle-ci fut menée à bien grâce
à une heureuse collaboration entre la
Société Industrielle qui lui donnait
l'appui moral de son patronage, et la
Ville de Mulhouse qui en assurait le
financement.
Un Conseil
de Surveillance confia la Direction au
Professeur Goppelsroeder de Bâle ; sous
son impulsion les effectifs augmentèrent
sans cesse, passant de 7 élèves réguliers
en 1872, à 28 en 1878. Charles Kopp
enseigna la physique de 1874 à 1879,
cependant que H. Schmid était le
collaborateur de Goppelsroeder et occupait
le poste d'assistant. L'enseignement dont
la durée avait été maintenue à deux
années, comprenait des cours de chimie générale,
minérale et organique, un cours de chimie
industrielle dans lequel une large place
était réservée aux industries du
blanchiment, enfin un cours de chimie
analytique et de physique appliquée.
En première
année, les travaux pratiques portaient
sur l'analyse qualitative et quantitative
et la préparation de produits chimiques,
en deuxième année sur l'analyse volumétrique
et sur des essais de blanchiment, de
teinture et d'impression. Des visites
d'usines de la région complétaient cette
instruction.
Quai du
Fossé : une nouvelle École de Chimie
La Société
Industrielle de Mulhouse, dans sa séance
du 30 janvier 1878 avait estimé que l'École
de Chimie se trouvait trop à l'étroit
dans les locaux de l'École Professionnelle
: « l'urgence d'un emplacement plus
vaste, plus commode, mieux éclairé et
surtout mieux ventilé, s'impose d'une
manière impérieuse »
(11). Une
commission présidée par A. Lalance fut
chargée d'étudier un projet pour une
nouvelle école et de trouver les
ressources nécessaires à sa
construction.
Un appel à
la générosité des Industriels de la région
et des amis de l'École permit de
rassembler la somme importante de 122 000
francs. Ce fut un résultat inespéré au
moment surtout où l'industrie était peu
prospère. On décida de construire la
nouvelle École de Chimie au Quai du Fossé,
sur un terrain appartenant à la Ville de
Mulhouse. Une convention passée entre la
Société Industrielle et la Ville
stipulait que cette dernière
abandonnerait ses droits de propriétaire
en 1898, à la condition que la première
se chargeât de tous les frais d'entretien
et d'administration de l'École. Les plans
du nouvel établissement furent confiés
à M. Sauvestre, architecte de Paris. Après
la disparition du ruisseau du Walkenbach
devenu souterrain, l'École fut construite,
puis inaugurée en octobre 1879.
Le bâtiment
composé d'un pavillon central à étages
et de deux ailes au rez-de-chaussée,
comprenait deux laboratoires pour une
cinquantaine d'élèves, deux salles de
cours, des salles spéciales pour les
balances, les expériences photométriques,
l'analyse des gaz, la bibliothèque, la
collection de physique. Le bureau du
Directeur ainsi que son laboratoire privé,
une grande salle inachevée, réservée en
principe à des conférences publiques
complétaient cet ensemble. Les frais
d'installation s'élevèrent à 140 000
francs
(12).

DOLLERGRABEN, le Quai du
Fossé en 1822
(maintenant Avenue du
Président Kennedy)
Le ruisseau du
Walkenbach
Emilio
Noelting
Un
changement considérable eut lieu vers
cette époque dans le corps enseignant
Goppelsroeder ayant demandé à être
relevé de ses fonctions, le soin de la
direction fut alors confié à un jeune
chercheur, Emilio Noelting, qui s'était
fait connaître de bonne heure par ses
remarquables publications et découvertes.
L'importance de son oeuvre et les qualités
multiples de ce savant incitent à
retracer brièvement sa carrière.
Emilio
Noelting naquit le 8 juin 1851 à Puerto
del Plata (République de Saint
Dominique), devenue République de
Saint-Domingue où son père
d'origine danoise était fixé et avait
acquis la nationalité dominicaine
(13). Âgé
d'un an à peine, il perdit son père
; sa mère d'origine espagnole alla avec
son fils rejoindre la famille de son mari
à Hambourg. A 13 ans, il se rendit à
Paris où il fut reçu bachelier-ès-lettres
en 1869 et ès-sciences en 1870.
Cette même année, passa avec succès
l'examen d'entrée à l'École Centrale des
Arts et Manufactures. En raison de la
guerre, il se rendit à Zurich, où, après
une année de mécanique et de mathématiques,
il entra dans la section de chimie du
Polytechnikum. II obtint son Diplôme en
1873 et fut successivement assistant de
Victor Meyer et d'Emile Kopp, mulhousien
d'origine et professeur de Chimie.
Après
avoir passé son doctorat en 1875, il
entra dans l'usine de teinture de soies de
MM. Renard, Viller et Bunand à Lyon, établissement
qu'il quitta en 1877 pour entrer dans les
laboratoires de Prosper Monnet à la
Plaine près de Genève, l'un des
fondateurs des futures Usines du Rhône.
C'est là qu'en 1880, E. Noelting fut
appelé à la Direction de l'École de
Chimie de Mulhouse.
Dès son
arrivée dans cette ville, il assuma les
cours de chimie minérale, de chimie
organique générale et organique appliquée
aux colorants et à l'industrie textile,
branche dans laquelle il s'était spécialisé.
L'enseignement de la chimie analytique et
de la physique fut confié à Charles de
la Harpe jusqu'en 1885, date à laquelle
il fut remplacé par E. Wild, assistant de
chimie organique depuis 1882.
La première
préoccupation de Noelting fut l'extension
des programmes. Pour faire face au développement
rapide de la chimie il fallait, selon lui,
dispenser un enseignement équivalent à
celui des facultés des sciences. En 1886,
fut créé un cours de physique
industrielle confié à
Walter-Meunier, ingénieur en chef
de l'Association Alsacienne des Propriétaires
d'Appareils à Vapeur. En 1888, la durée
des études fut portée à trois ans, ce
qui permit un remaniement complet des
programmes ; les deux premières années
étaient consacrées à un enseignement général
de base, quant à la troisième année,
elle permettait aux élèves de s'intéresser
à des questions de Sciences appliquées,
ils étaient ainsi mieux aptes à résoudre
les problèmes d'ordre pratique avec
lesquels ils allaient être confrontés
lors de leur entrée dans l'industrie. A
la fin de la deuxième année, « un
certificat d'études » leur était délivré,
les élèves terminant leur troisième année
recevaient un Diplôme. Les frais de
scolarité étaient relativement élevés
pour l'époque : 800 francs par an pour
les Alsaciens-Lorrains, 900 francs
pour les Allemands et 1 250 francs pour
les étrangers.
En dehors
des élèves réguliers, l'École admettait
des « manipulateurs libres »,
autorisés à travailler au laboratoire et
à suivre les cours de leur choix. C'étaient
en général des chimistes chevronnés
ayant fait des études de chimie générale
dans d'autres Écoles et qui venaient à
Mulhouse pour se spécialiser dans l'étude
des matières colorantes. Pour ces «
manipulateurs libres », les frais étaient
de 100 francs par mois.
A partir de
la rentrée de 1888, les cours qui
jusqu'alors se faisaient en français
durent, par ordre des autorités, être
professés en langue allemande. En 1890
fut introduit un cours de minéralogie
professé par Beckenkamp.
1892 :
Nouvelles Extensions de L'Ecole
Le développement
des études allait nécessiter une
extension des bâtiments déjà existants.
En 1892, la Société Industrielle prenait
la décision d'acquérir le terrain sur
lequel était installée l'École, et qui
avait été mis à sa disposition lors de
la construction du nouveau laboratoire en
1878. Par ce fait même, la Ville renonçait
à la clause qui eût rendu la Société
Industrielle propriétaire du bâtiment à
partir seulement de 1898. En échange, la
Société Industrielle cédait à la Ville
tous les terrains qu'elle possédait au
Tannenwald où se trouvait déjà installé
depuis 1868 le Jardin Zoologique, lequel
devint dès lors propriété municipale
(14). Dès 1893, l'École fit à nouveau
appel aux Industriels et Amis de l'École.
Les sommes ainsi recueillies, auxquelles
s'ajoutèrent des subventions de la Ville
et du Gouvernement ainsi que la dotation
Haeffely, permirent de couvrir les frais
(100 000 francs).
Les
nouvelles constructions comprenaient en
prolongement des salles existantes au rez-de-chaussée,
un nouveau laboratoire pour 70 élèves,
une salle pour les essais de teinture et
d'impression, un bureau avec un
laboratoire destiné au professeur de
physique. Le premier étage était réservé
à deux salles pour les cours et les
manipulations de physique et de
chimie-physique, à un bureau plus
vaste pour le Directeur avec un
laboratoire destiné à ses assistants et
aux élèves aptes à poursuivre des
recherches scientifiques et industrielles.
Le
sous-sol, prévu pour les
approvisionnements de tout genre, permit
en outre l'installation à côté d'un
atelier pour le mécanicien, d'un groupe
électrogène et d'un vaste local réservé
pour des travaux spéciaux. La grande
salle qui devait servir primitivement à
des conférences publiques fut convertit
en magasin, et en annexe du nouveau
laboratoire. Les bâtiments ainsi rénovés
entrèrent en fonction dès 1895. En 1896,
fut construite une cheminée de plus de 20
mètres de haut, attenant à ce
laboratoire.
Allant de
pair avec l'extension des bâtiments,
l'enseignement grâce à Noelting fut
constamment remis à jour et singulièrement
approfondi. En 1893, fut professé un
cours de jurisprudence par Dietz, avocat
et secrétaire de la Chambre de Commerce
de Mulhouse. En 1896, Rupe fut chargé
d'un cours de stéréochimie et de chimie
théorique; quant à Beckenkamp il fut
remplacé à cette époque par Osann,
professeur extraordinaire de Minéralogie
à l'Université de Wurzbourg.

L'École
de Chimie (1899)

Un
laboratoire de teinture (1905)
C'est alors
aussi qu'il fut question de l'établissement
d'une quatrième année d'études, en vue
d'obtenir une équivalence entre les diplômes
délivrés par l'École et ceux délivrés
par les Universités suisses et
allemandes. En 1898 fut donc instituée la
quatrième année ; consacrée à des
recherches originales dans les différents
laboratoires, c'était en fait un travail
réduit de thèse. A leur sortie, les élèves
recevaient « le Diplôme Scientifique de
l'École de Chimie de Mulhouse » ou
« Zeugniss Wissenschafftlicher
Befahigung »
(15). Ce diplôme spécial
s'ajoutant à celui qui sanctionnait le
cycle normal des trois années avait été
créé pour les élèves qui se
destinaient à un doctorat.
Pendant les
vingt années où Noelting dirigea l'établissement,
l'École connut donc un développement
constant. Elle accueillait de très
nombreux étrangers, dont un fort
contingent d'étudiants russes, qui
devaient être à l'origine du développement
de l'industrie de la manutention textile,
dans leur pays.
Durant
cette même époque, l'École reçut de
nombreux prix ou distinctions ; une médaille
d'or à l'exposition de Saint-Louis
(U.S.A.) en 1893, une médaille de bronze
à Chicago, le grand prix Daniel Dollfus
décerné par la Société Industrielle en
1896
Ce
remarquable rayonnement de l'École était
dû principalement à la personnalité de
Noelting, mais aussi à celle de ses
collaborateurs, dont les plus connus
furent De Kostanecki, Labhardt, Feuerstein,
Dzievonski.
Au début
du XXème siècle, l'École de Chimie de
Mulhouse est une institution en plein
essor, de réputation internationale, dotée
d'installations et de matériel très
modernes pour l'époque.
6 mai 1905
: le jubilé Noelting
Le 6 mai
1905 était célébré le jubilé du
Professeur Noelting qui avait pendant
vingt cinq ans imprimé à l'École la
marque d'une personnalité exceptionnelle.
Des savants de nombreux pays vinrent lui
apporter le témoignage de leur amitié et
de leur admiration pour la contribution si
importante que l'École, sous son
impulsion, avait apportée au progrès
scientifique et technique. D'autres envoyèrent
leurs félicitations, parmi lesquels Caro
de Mannheim, Curtius de Heidelberg, Graebe
de Genève...

Emilio
NOELTING
La même
année, Walther Meunier, professeur de
physique et de mécanique, est remplacé
par Remy, ancien élève
de l'École
Centrale et associé de la maison J.
Heilmann et Cie.
Mais la tâche
de Noelting assumant les fonctions de
directeur, de professeur, de maître de
recherches devient de plus en plus lourde.
Aussi en 1907 il se charge du cours de
chimie organique générale et de la
surveillance des laboratoires de 3ème année
qu'il confie à Kehrmann jusqu'ici Privat
Docent à l'Université de Genève
(16).
L'extension
des cours exige de nouveaux
agrandissements
(17) réfection du
laboratoire de chimie organique,
construction d'un local spécial pour les
manipulations à l'hydrogène sulfuré,
installation du système Martini Hüncke
pour le stockage et la distribution des
liquides inflammables (vidange des cuves
par pression de gaz carbonique).
En 1908 également,
pour la première fois une jeune fille
s'inscrit à l'École, Mademoiselle Aimée
Stepanoff.
Quelques
années plus tard, nouvelles modifications
dans la composition du corps enseignant :
en 1910, Kehrmann est remplacé par
Grandmougin, ancien élève de l'E.S.C.M.
et Professeur au Polytechnikum de Zurich,
en 1911, Zickendraht, Privat Docent à
l'Université de Bâle, succède à
Muller. Spécialisé dans la télégraphie
sans fil, il installe en 1912
(18) une
station de télégraphie laquelle
malheureusement doit interrompre ses émissions
dès 1913, l'administration des télégraphes
n'ayant pas renouvelé son autorisation
(19). Grandmougin, Professeur de Chimie
Organique Générale, enseigne pour la
première fois un cours de spectroscopie
appliquée à l'analyse des matières
colorantes « en nature et sur tissus »,
et Bruggeman, en remplacement de Dietz,
professe la législation des brevets ainsi
que la filature et le tissage des différentes
fibres textiles.
La guerre
1914 - 18
La guerre
arrête momentanément l'essor de l'École.
L'année 1914-1915 s'ouvre avec un
effectif de 15 élèves, alors que les années
précédentes, on en comptait 80 en
moyenne.
Grandmougin et Zickendraht ne peuvent
revenir en Alsace à la rentrée, et se
sont Wild et Noelting qui assument
l'enseignement pour les deux premières
années alors que les cours de Rémy et
Bruggemann sont supprimés faute d'élèves
en 3ème année. Les conditions
d'enseignement devenant de plus en plus
difficiles, l'École est fermée le 30 juin
1915 à la suite d'une décision du
Conseil Municipal en date du 17 juin
(20).
La Société Industrielle ratifie la
fermeture de l'École, à condition que la
Municipalité continue à payer chaque année
3 600 marks pour l'entretien des bâtiments
et l'assurance contre les risques
d'incendie. Peu après Noelting est expulsé.
Selon Battegay, cette expulsion est le
« suprême hommage rendu par les
Allemands à un caractère qu'ils
n'avaient pu asservir et qu'ils rendirent
apparemment responsable de l'esprit libéral
et indépendant, pour ne pas dire « frondeur »
qui régnait à l'École. Celle-ci en
effet n'avait pas cessé d'être pendant
le demi‑siècle de séparation de la
patrie, un foyer d'où l'idée française
rayonnait sur toute la petite province,
momentanément détachée de la grande
famille nationale »
(21).

Eugène WILD
Pendant les
années de guerre (1915-1918), les
militaires allemands occupent l'École et y
installent un Institut de Bactériologie.
Un inventaire de tout ce qui appartenait
à l'École est dressé ; grâce à une
surveillance constante, il n'y a ni déprédation,
ni vols importants. Le cuivre peut être
sauvé, quant au platine il est entièrement
réquisitionné, mais remboursé à la
ville. L'amphithéâtre de physique est
utilisé pendant les deux dernières années
pour l'instruction des jeunes filles des
écoles voisines, dont beaucoup de locaux
avaient reçu une autre destination.
1919, un
afflux de jeunes chimistes à Mulhouse
La guerre
terminée, de nombreux élèves se présentent
à Mulhouse ; Noelting est rappelé afin
d'y assurer la réorganisation de l'École,
Wild est nommé Directeur et Battegay
Directeur Adjoint. Grâce à leurs efforts
conjugués, l'École peut rouvrir ses
portes le 1er mai 1919.
Martin BATTEGAY
La nouvelle année 1919-1920 voit
l'inscription de 113 élèves, chiffre supérieur
à l'effectif des années antérieures à
1914. L'enseignement est constamment mis
à jour, de nouveaux professeurs sont nommés.
Baller dispense les cours de chimie
organique générale, Rémy reprend ses
cours de technologie industrielle ;
d'autres disciplines sont approfondies
avec Eyraud (mécanique, chaleur), Perrin
(acoustique, optique, électricité), Klug
(droit civil et commercial), Ortlieb
(cours élémentaire de filature et
tissage).
La direction
fait paraître de nouveaux règlements
intérieurs concernant les frais d'études,
le programme des examens d'admission, la
progression des études...
Des salles de lecture avec bibliothèque
sont installées dans l'ancienne maison
Gysperger, proche de l'École et mises à
la disposition des élèves en dehors des
heures de classe, pour leur permettre de
travailler tranquillement
(20).
L'École de
Chimie entretient d'excellentes relations
avec les différents Instituts de Chimie
de France et c'est ainsi qu'en 1921, est
créée la section
Strasbourg-Mulhouse de la Société
Chimique de France. Au cours de cette même
année, il y eut de nouveaux changements
dans le corps enseignant et de nouveaux aménagements.
P. Kloevkorn, professeur au Lycée de
Mulhouse, est chargé d'un cours de
cristallographie et Grumler initie les élèves
de Sème année aux techniques financières
et comptables. Baller entré dans
l'industrie, est remplacé par G. Mignonac,
ancien préparateur au Collège de France,
G. Hugel enseigne la chimie analytique et
E. Banderet les mathématiques ainsi que
la physique.
Les bâtiments
existants sont transformés :
agrandissement de l'aile gauche, de
l'amphithéâtre qui peut désormais
contenir une centaine d'auditeurs, aménagement
de nombreuses salles le coût des travaux
s'élève à 417 000 francs
(22).
L'année
1922 est marquée par le décès de
NOELTING au mois d'août, à Mérano en
Italie. Nombreux furent ceux qui rendirent
un fervent hommage au grand savant, dont
le nom reste attaché à l'essor de l'École.
En 1923 est
créé un fonds appelé « Bourse
Noelting » dont les intérêts
permettent de subventionner les élèves
diplômés méritants et de leur faciliter
ainsi une 4ème année d'études ; à
l'annonce de cette décision, Madame
Noelting fait un don de 40 000 francs à
ce fonds dont la gestion revient à
l'Association des Anciens élèves. La même
année, E. Remy, Professeur de mécanique
industrielle, est nommé Maire de la Ville
de Mulhouse et remplacé par J.J. Ludwig
(23).
Le budget
de l'Ecole est assuré par des subventions
de la Ville et de la Société
Industrielle auxquelles s'ajoutent depuis
1920 des dotations de l'Union des
Producteurs et Consommateurs de Matières
Colorantes, ainsi que des crédits d'Etat
attribués par la Direction de
l'Enseignement Technique du Ministère de
l'Instruction Publique.
En 1926,
Wild ancien collaborateur de Noelting
depuis 1882 prend sa retraite, et M.
Battegay est nommé Directeur. R. Flatt,
ancien collaborateur de Treadwell succède
à G. Hugel ; J. Lichtenberger, ancien élève
de l'École de Physique et Chimie de Paris,
qui avait dirigé jusqu'alors les
Etablissements Lambiotte, occupe la chaire
de Mignonac nommé à la Faculté des
Sciences de Strasbourg et A. Perret est
chargé de l'enseignement de la Chimie
Analytique.
Le développement
de la chimie physique et son application
croissante dans la résolution des problèmes
industriels incitent la direction à créer
au 1er octobre 1927 une chaire de Chimie
Physique avec P Mondain Monval ancien élève
de Le Chatelier, comme premier titulaire,
et à décider de l'agrandissement de l'École
(24).
Une
nouvelle fois la Ville de Mulhouse et la
Société Industrielle mettent leurs
efforts en commun. Une somme de 1 800 000
francs, considérable pour l'époque, fut
réunie, et le 14 janvier 1928 eut lieu
l'inauguration des Laboratoires de
Chimie-Physique, à l'occasion de
laquelle le Professeur Le Chatelier fit
une magistrale conférence sur la « Formation
des Elites intellectuelles dans la Science
et l'Industrie ».
Ces bâtiments
existent encore aujourd'hui, ce sont eux
qui rénovés, abritent le Centre de
Physico-Chimie des Surfaces Solides dépendant
du CNRS.
En même
temps, l'extension de la Chimie Physique
exige la création de cours plus
approfondis de mathématiques et de
physique, la durée des études est portée
à sept semestres et les étudiants
doivent effectuer en chimie générale, en
chimie organique, en chimie physique, un
travail de recherches.
Au
printemps 1928, l'École reçoit la visite
de S.M. le Roi d'Afghanistan qui, à
l'occasion d'un voyage en Europe, a tenu
à voir l'Institut où quatre de ses
sujets accomplissaient leurs études
(25).
La grande
crise de 1929 n'affecte que partiellement
l'École de Chimie de Mulhouse ; certes le
recrutement devient plus difficile, sans
nuire cependant à son harmonieux développement.
Afin d'éviter toutefois un trop grand
afflux d'élèves étrangers, on décide
de doubler pour eux les frais de scolarité
(27).
4
décembre 1930, création de la Fondation
de
l'Ecole Supérieure de Chimie de Mulhouse
Préparée
par M. Battegay depuis quelques années,
une étape importante est franchie en 1930
: d'établissement municipal qu'elle était
jusque là, l'Ecole est érigée en
Fondation autonome privée reconnue
d'utilité publique par un Décret en date
du 4 décembre. Le nouveau statut lui
permettant de recevoir des dons et des
legs, la Fondation qui prend le nom d'École
Supérieure de Chimie de Mulhouse est dotée
par la Ville et la Société Industrielle
des terrains, immeubles et matériels précédemment
possédés par l'une ou l'autre de ces
collectivités, ainsi que d'un capital
mobilier. Elle est placée sous le
patronage des deux organismes précités
auxquels se joint la Chambre de Commerce
de Mulhouse. Ces collectivités délèguent
des représentants à son Conseil
d'administration, qui comprend en outre un
représentant du Conseil Général du
Haut-Rhin, trois représentants de
l'Enseignement Supérieur, à savoir le
Directeur de l'Enseignement Supérieur, le
Recteur de l'Académie de Strasbourg, le
Doyen de la Faculté des Sciences, enfin
l'Inspecteur général de l'Enseignement
Technique d'Alsace et de Lorraine ; cette
représentation consacre les liens qui
l'unissent désormais aux organismes
locaux ainsi qu'avec les deux directions
de l'Enseignement Supérieur et de
l'Enseignement Technique
(26).
Pendant les
années qui précédèrent la deuxième
guerre mondiale, l'évolution de l'École
qui avait conduit à de nouvelles
structures administratives, allait se
manifester également sur d'autres plans :
recrutement, enseignement, formation...,
par des initiatives originales.
Pour
relever le niveau des connaissances des élèves
entrants, M. Battegay provoquait la création
de la Société des Amis de l'École qui
mettait au concours chaque année des
bourses d'études substantielles offertes
par l'Industrie. Ce concours permettait,
sur un programme plus élevé que celui du
baccalauréat de mathématiques élémentaires,
de sélectionner des têtes de promotion
de valeur, susceptibles d'entraîner les
autres élèves. Le premier concours eut
lieu en Septembre 1936, sous la présidence
d'un délégué du Ministère, inspecteur
général de l'enseignement technique.
En 1934, l'École
Supérieure de Chimie est l'une des premières
Écoles, sinon la première, à instaurer
un enseignement de « Chimie des Matières
Plastiques » donc de chimie macromoléculaire,
spécialité qu'elle n'allait cesser de développer
par la suite dans tous les domaines de ses
applications : matières plastiques, résines
synthétiques, fibres naturelles et
chimiques.
En 1937,
Roger N. Wallach de New York, ancien élève
de l'École et Mulhousien d'origine, en
reconnaissance de la formation reçue à
l'École, offre une subvention de 320 000
francs destinée à fonder un laboratoire
de recherches sur le caoutchouc que va
diriger L. Denivelle.
A partir de
1933, à l'initiative de M. Battegay, vont
se tenir des cycles périodiques de conférences,
accompagnée de démonstrations pratiques
et portant sur les progrès réalisés
dans les arts textiles et dans le domaine
des plastiques. Ces cycles qui
regroupaient de nombreux spécialistes
français et étrangers connurent un grand
succès. Le premier dit « Semaine
Textile » se déroula en avril 1933.
Très tôt on avait compris à Mulhouse
l'intérêt de « l'éducation
permanente ».
Tous ces
efforts allaient porter leurs fruits et être
consacrés officiellement par la
reconnaissance en 1935, d'emblée et sans
conditions, du Diplôme ESCM, par la
Commission des Titres d'Ingénieur
nouvellement créée en juillet 1934,
Quelques années après en 1938, l'École
de Mulhouse figurait parmi les cinq Écoles
de Chimie françaises admises à bénéficier
d'une dispense de concours pour l'entrée
de ses élèves dans le Service des
Poudres.
La Deuxième
guerre mondiale
Repliée
d'abord selon un plan préétabli à
l'Institut de Chimie de Toulouse dès le début
des hostilités de 1939, l'École de Chimie
est transférée par la suite, à la
demande de la Direction Générale de
l'Enseignement Technique, de la Direction
du Service des Recherches Techniques au
Ministère de la Production Industrielle
ainsi que des milieux industriels, dans la
région lyonnaise qui répond mieux à ses
activités traditionnelles.
Là, elle
est hébergée dans les bâtiments de
l'Institut de Chimie de la Faculté des
Sciences de Lyon, qui abritent l'École de
Chimie Industrielle de Lyon
(26).
Dès 1940,
frappé par les lois raciales, M. Battegay
doit démissionner et J. Lichtenberger lui
succède comme directeur. Entouré d'un
petit groupe de fidèles, R. Perrot
Professeur, et P André Secrétaire Général,
il va réussir avec des moyens propres,
insignifiants, mais grâce à l'aide
fraternelle de l'École de Chimie
Industrielle de Lyon, à maintenir une
activité d'enseignement et de recherches
pendant toute la durée de l'occupation.
L'enseignement est partagé entre la Sème
année de l'École de Lyon et une 4ème année
de perfectionnement, il est axé sur les
spécialités mulhousiennes : chimie des
produits intermédiaires aromatiques, des
colorants, des matières plastiques, du
caoutchouc, des fibres textiles...
Pendant ce
temps à Mulhouse, les locaux de l'École
avaient tout d'abord été utilisés par
la Ville comme Centre de Statistiques,
avant d'abriter à partir du 15 mai 1943
un Institut Supérieur de Chimie Textile
dirigé par le professeur Elöd de
Karlsruhe
(28).
1945 - 1957
Dès 1945, l'École reprend le chemin de sa ville
natale. Les bâtiments ainsi que le matériel
sont retrouvés pratiquement intacts et grâce
au concours de l'État, du Département, de
la Ville, de la Société industrielle, de
la Chambre de Commerce et des Industriels,
la rentrée peut avoir lieu normalement en
octobre 1945.
Le
programme des matières enseignées est
peu modifié par rapport à 1939, et le
corps professoral est rapidement
reconstitué.
Mathématiques
et Physiques : E. Banderet ;
Chimie
analytique et minérale : R. Perrot ;
Chimie physique générale, Industries minérales,
électrochimie, Industrie des engrais : J. Cueilleron ;
Chimie organique générale :
J. Lichtenberger ;
Chimie organique spéciale
(matières intermédiaires, colorants,
fibres textiles, teinture, impression,
apprêtage...) : J. Meybeck ;
Chimie
Physique spéciale (colloïdale, chimie
physique des polymères élevés) : A. Banderet.
Ces cours
sont professés par des enseignants à
temps plein, animant chacun un service de
Recherche à l'École, auxquels s'ajoutent
les cours dispensés par des conférenciers
ayant une activité professionnelle.
Physique
Industrielle : Ludwig, Fischbach, Hübler
;
Cristallographie et Minéralogie : Filozof ;
Industries de fermentation : Dr
Tempé ;
Filature et Tissage : Hildebrand
;
Droit et comptabilité industriels : Me
Simon.
Les seules
innovations marquantes en cette rentrée
1945 sont l'accroissement de la durée des
études portées de 3 années et demi à 4
années, et l'instauration d'un concours
portant sur les programmes de seconde,
première et mathématiques élémentaires,
destiné à sélectionner les meilleurs éléments
parmi de très nombreux candidats.
En 1947, l'École
prend l'initiative de créer le Centre de
Recherches Textiles de Mulhouse, établissement
de recherches professionnel affilié à
l'Institut Textile de France. Le Centre
dont les laboratoires ont tout d'abord été
installés dans les locaux de l'École, va
connaître un développement rapide grâce
à une symbiose étroite avec les Services
de Recherches de l'École, spécialisés
dans les domaines de la chimie des
Textiles et de leurs traitements.
Pendant les
dix années suivantes, le cadre de
fonctionnement de l'École allait être
encore modifié par touches successives.
En 1948,
c'est une nouvelle consécration de la
valeur de l'enseignement donné par l'École.
Un décret de 1947 prévoyait la
possibilité de transformer certains
Instituts de Faculté ou d'Université en Écoles
Nationales Supérieures d'Ingénieurs.
En tant qu'établissement
privé, l'École de Mulhouse ne pouvait être
touchée par ce décret, mais elle demanda
à cette époque, en même temps que l'École
Supérieure de Physique et de Chimie
Industrielle de la Ville de Paris,
l'assimilation à une École Nationale Supérieure
d'Ingénieurs (ENSI). Cette
assimilation fut accordée en 1948 par le
Ministère de l'Éducation Nationale qui
considérait le concours d'entrée à l'ESCM
et le diplôme d'Ingénieur qu'elle délivrait,
comme équivalents à ceux des ENSI.
Toutefois,
cette reconnaissance obligeait l'École à
n'admettre comme étudiants que des
candidats ayant effectué après le
baccalauréat une année d'études complémentaires,
dite propédeutique, donnant accès aux
Facultés, le programme étant celui du
certificat d'Études Supérieures de Mathématiques,
de Physique et de Chimie (MPC).
Une
nouvelle formule de concours d'entrée à
l'ESCM était instaurée sur ces
bases. En 1950, était ouverte au Lycée
de Garçons de Mulhouse une classe préparatoire
au concours ESCM, et en 1953 un Centre
de concours était organisé à Paris au
Lycée Claude Bernard.
En 1952, le
Comité Technique de l'École était
reconstitué sous la présidence de B.
Thierry Mieg.
Sur le plan
de l'enseignement, en 1952 étaient créées
à la demande de l'Industrie deux options
pour les élèves de 4ème année : l'une
dite Section Générale offrait un
programme plus étoffé en technologie et
en génie chimique, l'autre dite Section
Textile traitait de façon plus complète
la chimie et la physico-chimie des
traitements textiles.
En 1952 également
les stages en usine, facultatifs jusque là,
deviennent obligatoires pendant une partie
des grandes vacances. Le contact avec les
réalités industrielles se révèle
particulièrement fructueux pour les
futurs Ingénieurs.
Parallèlement, le corps professoral
allait subir des transformations assez
profondes résultant du départ de
certains enseignants, mais aussi de la
diversification de l'enseignement.
Ainsi, J. Cueilleron nommé maître de
conférences à la Faculté des Sciences
de Lyon (1951) est remplacé par A. Hérold
; R. Perrot nommé maître de conférences
à la Faculté des Sciences de Besançon
(1952) est remplacé par J.B. Donnet. La
chimie minérale et la chimie minérale
industrielle sont confiées à A. Hérold,
la chimie physique et la chimie analytique
à J.B. Donnet.
De nouveaux
postes sont créés
:
-
Chef de travaux de chimie organique et
cours d'analyse organique (J.P Fleury,
1953).
-
Chef de travaux et cours de traitements
textiles (R. Freytag, 1955).
-
Chef de travaux de 1 ère année (A.
Hatterer, 1955).
Parmi les
conférenciers, Berger succède à Hubler
démissionnaire du cours de moteurs et de
machines thermiques.
De nouveaux
cours : distillation et extraction
fractionnées, technique des réactions
sous pressions élevées, finances,
comptabilité, sont confiés
respectivement à MM. Paris, Delassus,
Koechlin, Lévy.
Une fois de
plus, le développement, ainsi que la variété
des Enseignements et de la Recherche à l'École,
allaient poser comme dans le passé un
grave problème de locaux. Grâce aux libéralités
de la Ville de Mulhouse, du département
du Haut-Rhin, de la Chambre de
Commerce, de l'Industrie locale, une somme
de 26 millions fut réunie qui, à partir
de 1953, permit la rénovation et
l'agrandissement du bâtiment de Physique
le plus vétuste de l'École, inchangé
depuis 1880. (Au cours des travaux de
reprise en sous‑oeuvre des
fondations devait apparaître le tracé de
l'ancien ruisseau du Walkenbach).
En 1956,
l'École
en liaison avec les Collectivités locales
et l'Industrie allait prendre de nouvelles
initiatives :
-
la création d'un Centre associé au
Conservatoire des Arts et Métiers
qu'allait présider le Directeur J.
Lichtenberger pendant la période de démarrage,
-
la création du premier Foyer
et Restaurant des étudiants à Mulhouse,
aménagé dans une grande villa de la
propriété du Mont des Roses, léguée à
la Société Industrielle par Mademoiselle
Gabrielle Koechlin. Ce fut J. Meybeck,
alors Directeur Adjoint de l'École qui se
chargea de réunir les fonds (27 000 000
francs) et d'engager les travaux nécessaires
à l'installation de ces locaux qui furent
mis à la disposition du Centre Régional
des Oeuvres Universitaires et Scolaires le
3 janvier 1958 et inaugurés le 5 mai
1958. Ils devaient rester en service
jusqu'à l'ouverture du Restaurant du
Centre Universitaire de Mulhouse, le 1er
octobre 1967.
24 mai 1957
Le
rattachement de la Fondation à
l'Université de Strasbourg
comme
institut d'université
Cet événement
qui allait être d'une importance considérable
dans la vie de l'École, était
l'aboutissement de longues, patientes et délicates
négociations pour doter l'École d'un
nouveau cadre de fonctionnement. En effet,
presque aussitôt après sa réouverture
en 1945 à Mulhouse, il était apparu au
Conseil d'Administration de la Fondation
et à son Directeur J. Lichtenberger qu'en
raison des progrès extraordinairement
rapides de la science et de la technique,
la formation d'ingénieurs Chimistes de
valeur ne pourrait plus être assurée
qu'avec des moyens de plus en plus considérables,
hors de proportion avec les seules
possibilités des collectivités locales,
même augmentées des subventions qui dans
le cadre des règlements en vigueur,
pouvaient être accordées par
l'Enseignement Technique. D'autre part, l'École
affirmait une vocation de formation de
plus en plus nationale. Aussi fallait-il
trouver une nouvelle structure permettant
ce développement.
Le décret de rattachement à
l'Université de Strasbourg et les statuts
dont était dotée l'École, lui laissaient
une grande autonomie de gestion financière
et pédagogique, tout en lui assurant les
possibilités et les moyens d'une
expansion qui, d'année en année allait
se traduire dans les faits : nouvelles
constructions, nouveaux enseignements,
accroissement considérable de l'activité
de recherche...

Laboratoire
de Chimie Organique, 3ème année, 1958
La Voie une
fois tracée, le Professeur J.
Lichtenberger, au conseil d'administration
du 25 septembre 1957 confirmait son désir
d'abandonner ses fonctions de Directeur de
l'École. J. Meybeck, jusque là Directeur
Adjoint lui succédait et J.B. Donnet était
nommé Directeur Adjoint.
Les journées
scientifiques de Mulhouse 21, 22 et 23 mai
1958
La
Reconstruction de l'École
(29)
Un premier
projet d'agrandissement sur place avait été
esquissé en 1957 dans le cadre du Plan
Legorgeu, mais les difficultés d'une
telle réalisation étaient presque
insurmontables en raison de l'exiguïté
des terrains disponibles autour de l'École
et de la disparité des constructions déjà
existantes qui rendaient impossible un
fonctionnement harmonieux de l'ensemble.
La
reconstruction de l'École en dehors du
centre de la Ville s'imposait, en même
temps qu'apparaissait l'impérieuse nécessité
de créer à Mulhouse une propédeutique
scientifique.
Ces deux
projets furent présentés lors des journées
mulhousiennes de mai 1958 consacrées à
la recherche et à l'enseignement
scientifique et qui devaient être à
l'origine de l'expansion universitaire à
Mulhouse. Le Comité d'organisation animé
par B. Thierry Mieg réunissait de
nombreux industriels dont J. Dollfus et
J.H. Gros, des représentants des
collectivités locales, ainsi que les
professeurs J. Lichtenberger, J. Meybeck,
J.B. Donnet.
Au cours de
ces journées, un programme de développement
de l'enseignement supérieur et de la
recherche fut présenté à Gaston Berger
Directeur de l'Enseignement Supérieur, et
à Pierre Donzelot Directeur des
constructions scolaires. La Ville de
Mulhouse apportait un terrain de 100 ha
situé à l'ouest de la cité à l'Illberg
et en assurait la viabilisation, une
surface d'environ 35 ha étant réservée
à l'Enseignement Supérieur. Un premier
plan d'ensemble du futur Centre
Universitaire, Technique et Sportif était
proposé, prévoyant la construction d'une
nouvelle École de Chimie (exposé de J.
Lichtenberger) d'un Collège Scientifique
Universitaire pour l'enseignement de propédeutique
(exposé de J.B. Donnet) du Centre de
Recherches Textiles (exposé de J. Meybeck).
La
construction du Collège Scientifique et
celle de la Nouvelle École furent décidées
par les Directeurs Berger et Donzelot
pendant les séances de travail, et l'étude
du programme pédagogique fut aussitôt
commencée.
L'état de
santé de J.B. Donnet ne devait pas lui
permettre d'amorcer la réalisation du
Collège Scientifique, et J. Meybeck prit
le relais. Une fois l'avant‑projet
approuvé, dès juillet par le Ministère,
un ensemble de salles de cours, de travaux
pratiques, de bureaux, de magasins, fut aménagé
en un temps record pendant les vacances,
avec le concours irremplaçable des
Services Techniques de la Ville, dans un
atelier désaffecté de l'Usine DMC en
attendant que soit mise en chantier la
construction de locaux neufs. Tout était
prêt pour accueillir à la rentrée
universitaire de Novembre 1958, le nouveau
Directeur du Collège Scientifique de
Mulhouse, le Professeur P Taglang.
Le
programme pédagogique de la nouvelle École
de Chimie (11 500 m2 de salles de
cours, de laboratoires de Travaux
Pratiques et de Recherches, de Services généraux),
plus long à élaborer, fut approuvé définitivement
en juin 1960. Les appels d'offres furent
lancés au début 1962 et la construction
commença à l'automne.
La 1ère
pierre était posée le 21 mai 1963 par
Monsieur Christian Fouchet, Ministre de l'Éducation
Nationale. Le 11 octobre 1965, la
promotion entrante était accueillie avec
un peu plus de solennité que de coutume
dans les nouveaux bâtiments de l'lllberg,
qui furent inaugurés le 26 mai 1966, à
l'occasion de la célébration du
Centenaire d'Alfred Werner, Prix Nobel de
Chimie 1913 et Mulhousien d'origine. Cette
manifestation présidée par M. Pierre
Aigrain, Directeur des Enseignements Supérieurs
rassembla les personnalités les plus éminentes
du monde universitaire, de l'Industrie et
des Collectivités locales.
Quant aux
laboratoires laissés vides au Quai du
Fossé, le Conseil d'Administration de la
Fondation décida d'y poursuivre de
nouvelles activités de recherches. Des démarches
entreprises auprès du Centre National de
la Recherche Scientifique (CNRS)
devaient aboutir à la signature, le 5
juillet 1967, d'une convention suivant
laquelle la Fondation mettait à la
disposition de cet organisme l'ensemble
des bâtiments, moyennant un loyer
symbolique, à charge pour le CNRS de
rénover les locaux qui en valaient la
peine et de démolir les parties trop vétustes.
Et c'est
ainsi que fut créé, le 10 juillet 1967,
à l'initiative de l'École et grâce au
concours du CNRS, un nouvel Institut,
le Centre de Recherches sur la Physico-chimie
des Surfaces Solides, dont le Professeur Donnet assura la Direction et qui, cinq
années plus tard, devait abriter une
cinquantaine de chercheurs.
Évolution de l'École de 1957 à 1972
(30)
Pendant les
quinze années qui ont suivi le
rattachement de l'École à l'Université
de Strasbourg, des modifications très
sensibles vont être apportées au
recrutement des élèves ingénieurs, à
l'organisation des études, à la
composition du corps professoral, pour
aboutir au cadre « 1972 » de
fonctionnement de l'École, qui sera présenté
dans un opuscule séparé.
Les
concours
Depuis
1950, l'E.S.C.M. comme chacune des autres Écoles
Nationales Supérieures ou assimilées,
organisait son propre concours, auquel se
présentaient, soit des élèves des
classes préparatoires des Lycées sur
programme ENSI Bl, B2, soit des élèves
de la classe préparatoire à l'E.S.C.M.
fonctionnant au Collège Scientifique
Universitaire de Mulhouse (CSUM) à
partir de 1958, sous forme d'un MFC
renforcé.
En 1965, le
Ministère ayant décidé de regrouper les
concours des Écoles Nationales Supérieures
de Chimie sous forme de trois concours
jumelés Nord, Sud, Paris, l'École de
Mulhouse va recruter 2/3 de sa promotion
sur « concours commun », et 1/3 sur "concours particulier, qui
continue d'être réservé aux étudiants
de la classe préparatoire du CSUM. A
partir de 1968 dans le cadre de la
nouvelle réforme de l'Enseignement Supérieur,
ce mode de recrutement parmi les étudiants
ayant suivi le 1er cycle des Facultés,
ayant été réglementé et généralisé
pour toutes les Écoles d'Ingénieurs,
Mulhouse et Strasbourg vont organiser
conjointement chaque année un concours spécial
pour les étudiants pourvus du DUES.
Les résultats obtenus au cours de leurs
études ultérieures par les candidats préparés
au CSUM allaient se révéler extrêmement
satisfaisants.
L'organisation des études depuis 1957
va être déterminée essentiellement par
deux facteurs :
-
la nécessité de maintenir à un haut
niveau l'enseignement des Sciences
fondamentales et des techniques, en même
temps qu'il fallait approfondir les
domaines des « spécialités »
mulhousiennes,
-
l'obligation de réduire la durée
des études de 4 à 3 ans.
Les
« Spécialités »
II est décidé
en 1958 d'ouvrir une Sème Section, dite
C, de Chimie Macromoléculaire Plastique,
répondant au vœu de l'Industrie et du
Professeur Sadron « souhaitant
qu'une École de Chimie de son voisinage
soit à même de former pour le Centre de
Recherches Macromoléculaires de
Strasbourg des Ingénieurs-Chimistes
avertis ».
Et c'est
ainsi que tout naturellement, quand fut
lancée l'idée de la création de la
première École Française et sans doute
Européenne, d'Application des Hauts Polymères,
la Section C de l'ESCM fut choisie en
octobre 1965 comme cadre pour la 1ère année
d'enseignement à Mulhouse de cette
nouvelle École, en attendant son
installation à Strasbourg dans des locaux
neufs. Cette 1ère année mulhousienne
devait fonctionner jusqu'en 1971.
Création
des enseignements de 3ème cycle
et réduction
de la durée des études
C'est à la
demande de l'Industrie que la durée des
études avait été portée en 1930 à 3
ans et demi, puis en 1945 à 4 ans, afin
de pouvoir dispenser un enseignement
scientifique de base suffisamment complet,
et consacrer la dernière année d'études
à des travaux de recherches, celte
formation ayant été reconnue comme l'une
des meilleures pour développer l'esprit
d'initiative des futurs ingénieurs et
leur apprendre à se servir de leurs
connaissances.
Or, la durée
de la préparation au concours étant passée
de 1 à 2 ans, et même pour un certain
nombre de candidats à 3 ans, le diplôme
ne pouvait plus être délivré finalement
qu'après 6 années d'études minimum au
delà du Baccalauréat, auxquelles
pouvaient encore s'ajouter 3 ou 4 années
pour la préparation d'une thèse de
Docteur Ingénieur ou de Docteur-ès-Sciences.
II semblait
donc raisonnable d'envisager - comme
le demandait d'ailleurs le Ministère
depuis longtemps - de délivrer un
diplôme d'ingénieur après trois ans d'études,
à condition toutefois de pouvoir
maintenir les enseignements de spécialités
et développer les recherches dans ces
domaines.
Ces deux
objectifs ont été atteints :
-
en ramenant dès la rentrée d'octobre
1966, en 3ème année, un certain nombre
de cours jusque là suivis en 4ème année
et qui ont été jugés indispensables à
la formation d'un Ingénieur Chimiste.
-
en créant à l'ESCM en 4ème année,
des enseignements de type universitaire
dont la matière correspondait pour une très
large part aux cours de spécialités.
Ce genre
d'enseignement qui, jusqu'alors, n'était
dispensé dans l'Académie qu'à la Faculté
des Sciences de Strasbourg, visait à la délivrance
d'Attestations d'Etudes Approfondies (AEA)
et de Diplômes d'Études Approfondies
(DEA).
Grâce à
la compréhension des collègues
strasbourgeois, un tel enseignement a pu
être organisé à l'École dès octobre
1966, sous forme d'options mulhousiennes
de D.E.A. existant déjà à Strasbourg.
Techniquement
la tâche était relativement facile, car
les enseignements prévus pour Mulhouse
figuraient déjà pour une grande part au
programme de l'École en 3ème et 4ème année,
et ne faisaient pas double emploi avec
ceux donnés à Strasbourg, à part
quelques domaines nécessairement communs.
Quant aux travaux pratiques, aux travaux
dirigés, aux stages de recherches, leur
organisation ne soulevait aucun problème,
étant donné la place qu'ils occupaient
traditionnellement dans l'enseignement
mulhousien
Ces DEA
étaient les suivants :
-
DEA de Physique moléculaire - option chimie macromoléculaire
industrielle (matières plastiques),
-
DEA de Chimie organique - option
chimie organique structurale,
-
DEA d'Électrochimie - option
applications aux phénomènes de surface.
A la rentrée
de 1968, l'enseignement de la Section
Textile fut repris dans le cadre d'un
DEA de chimie appliquée de Strasbourg
avec l'option : Textile-Colorants .
En octobre
1970, le Centre Universitaire du
Haut-Rhin (CUHR) est créé, et
il va reprendre progressivement à son
compte l'organisation de ces D.E.A., dont
le programme pour certains d'entre eux, a
été modifié en fonction des possibilités
mulhousiennes. Ainsi au cours de l'année
1971-1972 ont été préparés les
DEA de :
-
Chimie organique (CUHR)
-
Chimie physique - option
Spectroscopie‑option
Physico-Chimie des Surfaces
(CUHR)
-
Physique moléculaire - option
fibres et matériaux macromoléculaires
-
(Université Louis Pasteur Strasbourg).
Parallèlement
à la prise en charge des « spécialités »
de 4ème année à l'École, sous forme
d'un enseignement de Sème cycle,
l'organigramme des cours était assez
profondément modifié, en regroupant les
enseignements des Sciences de l'Ingénieur
en 3ème année.
La culture
scientifique de base était développée
(notamment la chimie générale, la chimie
physique) en allégeant les programmes des
parties descriptives de telle sorte que
les étudiants de l'École puissent se présenter
éventuellement aux certificats de la maîtrise
de chimie physique qui allait être créée
à la rentrée de 1970 au CUHR.
D'autre
part, en 3ème année, une place de plus
en plus importante était donnée au cours
de génie chimique, de chimie
industrielle, de droit des affaires, de
comptabilité.
Enfin des
cours de langues étaient ouverts à
partir d'octobre 1965.
Les
conditions étaient ainsi remplies pour détacher
la 4ème année de « spécialités »
des trois années nécessaires à la
formation des Ingénieurs, et le 8 décembre
1969 était pris l'arrêté visant
« l'organisation des études et de
la scolarité à l'École Supérieure de
Chimie de Mulhouse », ramenant la
durée des études à trois ans.
Transitoirement,
une promotion sortait au bout de trois ans
et un semestre en février 1970, la
suivante normalement, après trois ans d'études.
A noter que
la plupart des jeunes ingénieurs, après
avoir obtenu leur diplôme restent à l'École pour préparer un DEA de spécialités,
amorce le plus souvent d'une thèse de
Doctorat.
Le corps
professoral
Toutes ces
transformations n'allaient pas être sans
incidence sur la composition du corps
professoral, en même temps que d'anciens
maîtres prenaient leur retraite ou que
certains collègues étaient appelés à
de nouvelles fonctions.
D'autre
part, la diversification de
l'enseignement, le développement aussi de
quelques disciplines devaient entraîner
un renforcement de l'encadrement.
En 1957, E.
Banderet, Professeur de Physique prend sa
retraite et il est remplacé par G. Perny
de l'équipe du Professeur Nikitine de
Strasbourg.
J.P Fleury,
R. Freytag, A. Hatterer, Mlle Weil, Mlle
Bihl sont appelés aux postes nouvellement
créés de chefs de travaux d'organique,
de traitements textiles, d'analyse
quantitative minérale, d'analyse
quantitative minérale, de physique.
J.J. Ludwig
conférencier, est remplacé par J.
Delange et M. Deroussent au cours de
Physique industrielle qui vient d'être
profondément remanié et qui prend le nom
« d'opérations fondamentales de génie
chimique ».
L'année
suivante, J.P Fleury et A. Hatterer sont
nommés maîtres de conférences assimilés,
le premier professant une partie du cours
de chimie organique, l'autre partie étant
confiée à J. Meybeck, le second étant
chargé du cours de chimie minérale
industrielle.
En 1959, le
Professeur Lichtenberger prend sa retraite
et quitte la chaire de chimie organique. A
son départ le 26 juin, ses anciens élèves
et le corps professoral témoignent à
leur Maître et Collègue, leur admiration
et leur gratitude pour ses talents
d'enseignant, et son action inlassable
comme Directeur.

Le 28
novembre 1963, lui était remise à la
Société Industrielle de Mulhouse une médaille
gravée à son effigie, en gage de
reconnaissance et d'amitié.
En novembre 1959, G. Gianola à qui
avait été confié depuis quelques mois
le cours de Chimie Textile trouvait la
mort dans un accident d'automobile et peu
après, A. Hérold, Professeur de chimie
minérale quittait l'Ecole pour occuper la
chaire de chimie minérale industrielle à
Nancy. Et ce fut seulement à la rentrée
de 1960 que les nouveaux titulaires R.
Schutz, Chef du Service de chimie macromoléculaire
au Centre de Recherches Textiles et R. Wey, ancien
collaborateur du Professeur Goldsztaub de
Strasbourg et spécialiste de
cristallographie, purent prendre leurs
fonctions.
Par la
suite, des maîtres assistants, G. Riess
(1962), D. Saehr (1962), F. Bloc (1963)
puis L. Kobel (1966), J. Messiet (1966)
viennent renforcer les équipes
d'enseignement et de recherche, en chimie
physique macromoléculaire, chimie minérale,
analyse quantitative minérale, chimie
physique.
En octobre
1968, A. Banderet, nommé Professeur
associé à l'École des Hauts Polymères
à Strasbourg, sera remplacé par G. Riess
dans la chaire de chimie physique macromoléculaire.
R. Freytag,
chargé du cours de Physico-Chimie
des traitements textiles est promu maître
de conférences assimilé.
Cette même
année, la chaire de physique laissée
vacante par le départ de G. Perny nommé
Professeur de physique appliquée à
l'Institut Universitaire de Technologie de
Mulhouse, est transformée en chaire de
chimie quantique et de spectroscopie que
vient occuper en mars 1969 J. Faure,
jusque là maître-assistant à Bordeaux.
En 1970 et
1971, deux nouveaux postes de maîtres-assistants
sont pourvus de titulaires : G. Killé en
chimie organique et J.L. Guth en chimie générale.
En 1970 également,
J. Streith, Professeur de chimie au
C.S.U.M. est appelé officiellement à
participer aux activités de l'Ecole.
En 1971,
les cours d'opérations fondamentales de génie
chimique, de droit des affaires, de
comptabilité sont remaniés, un cours d'électrotechnique
est créé, et de nouveaux conférenciers
: M. et R. Berger, D. Froessel, J.P
Prigent, M. Pfleger, A. Jaeck viennent
apporter leur collaboration.
Les
évènements de mai 1968
et
leur incidence sur les nouvelles
structures de l'école
Comme dans les Facultés et dans toutes
les autres grandes Écoles, les étudiants
et les enseignants se sont trouvés
confrontés avec tous les problèmes
soulevés à cette époque, mais il faut
souligner qu'à l'ESCM, la
contestation, sans perdre de sa vigueur, a
pris une forme constructive et s'est
orientée vers un travail de réflexion,
uniquement axé sur des questions d'ordre
universitaire et qui a pris tout
naturellement la suite des travaux déjà
amorcés au fil des années avec les étudiants,
l'Association Amicale des Anciens Élèves
de l'École (enquêtes, discussions), avec
le Comité Technique et la Direction de l'École.
Ainsi, le sérieux
manifesté par les étudiants, l'attention
portée par les Professeurs à leurs réflexions,
ont permis d'avancer dans la voie d'une
collaboration efficace dans l'avenir, et
pour l'immédiat, de terminer l'année
scolaire dans les moins mauvaises
conditions, compte tenu des circonstances.
Beaucoup
plus importantes pour l'École allaient être
les conséquences des changements profonds
des structures universitaires à la suite
des événements de mai 1968.
En effet,
l'ancienne Université de Strasbourg,
ayant disparu, l'École s'est trouvée dans
l'obligation de se rattacher à un nouvel
organisme universitaire. Le Centre
Universitaire du Haut-Rhin
(CUHR) créé en 1970, était un
nouveau partenaire tout indiqué et on
pouvait penser que ce choix une fois fait,
il suffirait de modifier les statuts de l'École en les accordant à la loi
d'orientation, et de reconduire avec le
CUHR la convention de 1957 qui la
liait à l'ex‑Université de
Strasbourg.
Mais il est
apparu que la loi d'orientation fixait en
fait un cadre beaucoup plus rigide que par
le passé au fonctionnement d'un établissement
privé comme l'ESCM, rattaché à un
établissement public comme le CUHR,
et entraînait dans son application de très
nombreux problèmes.
Et il a
fallu pratiquement deux années, de
longues et délicates études ou mises au
point, de navettes entre les Services
Ministériels, le CUHR et l'École,
pour que les Conseils des deux partenaires
approuvent le premier texte d'un protocole
d'accord les 10 et 14 janvier 1972, puis
d'ultimes modifications à ce texte les 7
et 10 juillet 1972, avant que ne soit pris
le Décret de rattachement le 9 août
1972.
Aux termes
de ce décret, « l'École sera dotée
de statuts analogues à ceux d'une Unité
d'Enseignement et de Recherche préparant
à un diplôme d'Ingénieur, du type École
Nationale Supérieure d'Ingénieur ».
Après une existence
d'un siècle et demi
Ainsi, après
une existence d'un siècle et demi, au
travers des guerres, des difficultés de
tous ordres, l'École Supérieure de Chimie
de Mulhouse, apparaît une Institution
toujours jeune et dynamique, tournée
comme à l'origine de sa création, vers
l'action et l'efficacité. Les raisons de
ce succès sont sans doute assez simples :
La compétence,
le dévouement des enseignants, des
Directeurs qui se sont succédés à l'École depuis sa fondation. Aussi à
l'occasion de ce
cent-cinquantenaire, est-ce un
agréable devoir de leur rendre un
solennel témoignage d'estime et de
gratitude.
La
souplesse de fonctionnement assurée par
les Statuts successifs dont l'École a été
dotée, permettant à ses professeurs de
prendre rapidement toutes initiatives pour
adapter constamment leur enseignement aux
progrès de la Science et de la Technique,
dans le cadre d'un ensemble cohérent.
Enfin et
surtout, le fait d'avoir traduit dans la réalité,
et pratiquement depuis 1822, la liaison
Enseignement -Recherche ‑ Industrie.
Et c'est ainsi que déjà quelques années
après la création du "cours de
chimie appliquée aux « Arts »
on trouve les références, dans le
Bulletin de la Société Industrielle de
Mulhouse de 1827 des premières
publications relatives aux travaux de
recherche d'ordre scientifique, ou appliquée,
intéressant notamment l'Industrie de
l'Impression sur étoffes, faites par
Edouard Koechlin, Léonard Schwarz, Jean
Zuber, Achille Penot...
Cette
activité de recherche fondamentale et
appliquée s'est développée pendant 150
ans, elle a conduit à de nombreuses découvertes
ou réalisations industrielles faites soit
dans les laboratoires de l'École soit par
des anciens élèves en poste dans
l'Industrie.
Tout
d'abord orientée vers le domaine des matières
colorantes, des traitements textiles, la
recherche s'est diversifiée dans de
nombreux autres secteurs de l'Industrie
Chimique au fur et à mesure de
l'expansion de cette dernière.
Mais il
faut souligner dès maintenant que, à
partir du rattachement de l'ESCM à
l'Université de Strasbourg en 1957 - grâce aux nouveaux moyens dont
elle avait été dotée - la
progression de l'activité de recherche a
été considérable.
En quinze
ans, de 1957 à 1972, 141 thèses ont été
soutenues, et 729 mémoires ont été présentés.
Parallèlement, selon les traditions
mulhousiennes, ces résultats débouchaient
sur de nombreuses applications pratiques
ainsi qu'en témoignent les 45 brevets
pris depuis 1957.
Par une
curieuse coïncidence, l'ESCM commémore
le 150ème anniversaire de ses origines
l'année même où elle va, une nouvelle
fois, tourner une page d'une longue
histoire, en se rattachant au Centre
Universitaire du Haut-Rhin. Que sera
l'avenir de l'École dans ce nouveau cadre
de fonctionnement ? Liée de façon plus
étroite que naguère à l'Université, l'École voit son sort dépendre largement
de celui du CUHR, c'est-à-dire
du développement de l'enseignement supérieur
dans le Haut-Rhin. Réciproquement,
le rayonnement, l'expansion du CUHR,
ne peuvent se concevoir sans une ESCM
dotée comme dans un passé récent, des
moyens nécessaires pour remplir sa
mission.
Aussi,
forte de ses traditions, de ses facultés
d'adaptation, riche des succès
industriels et scientifiques de ses
Anciens, assurée du dynamisme et du dévouement
de son corps enseignant, de son personnel,
et confiante dans la qualité de ses
futurs ingénieurs, l'École Supérieure de
Chimie de Mulhouse peut‑elle aborder
avec optimisme, un nouvel avenir à l'entrée
dans sa 151ème année.
Puisse
l'ESCM assurer longtemps encore la pérennité
de l'œuvre déjà accomplie, demeurer fidèle
à sa vocation qui est de former des ingénieurs
hautement qualifiés, des chercheurs, des
chefs d'entreprise, des hommes enfin dans
la plus noble acception du terme.

Références
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Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 94, 653,
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Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 95, 701,
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Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 100,
713, 1928
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Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 99, 569,
1927
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