DOLLE, Jean-Michel et MEYBECK, Jean.

 

École supérieure de chimie de Mulhouse : histoire de l'école 1822-1972.

 

Mulhouse : ENSCMu, 1972.

 

p. 14-50

 

Des origines à l'École Municipale de Chimie de Mulhouse

 

En 1746 à Mulhouse 

Qui veut étudier l'histoire de Mulhouse notera que jusque vers 1750, cette ville ne fut en fait qu'une modeste bourgade, rattachée à la Confédération Helvétique. A cette époque un peu partout en Europe et surtout en Angleterre, vont commencer à se développer les «Industries». L'année 1746 marque l'ouverture par trois Mulhousiens, Jean-Henri Dollfus, Samuel Koechlin, Jean-Jacques Schmalzer d'une fabrique pour l'impression des étoffes : ce fut l'aube d'une ère nouvelle. En effet, jusque vers 1750, Mulhouse avait gardé son caractère artisanal et agricole, chaque corps de métier étant affilié à une corporation : celles des tailleurs, des bouchers, des maréchaux, des boulangers, des agriculteurs, des vignerons. L'introduction de l'impression sur étoffes allait profondément modifier ce cadre économique et social. Les créations de nouvelles manufactures se succédèrent à une cadence étonnante : on en compte deux en 1752, dix en 1764, seize en 1776. Cette même année, on avait imprimé à Mulhouse 80 000 pièces de toile de coton, soit 1 600 000 mètres. Au début, ces impressions furent fort grossières, les coloris étant limités au rouge et au noir. Mais peu à peu les fabricants voulurent produire des tissus imprimés de meilleure qualité, avec des coloris toujours plus riches. Or la principale difficulté de l'impression sur étoffes était d'obtenir des colorants solidement fixés sur le tissu. Ces problèmes devinrent de plus en plus délicats et ceci à cause, principalement, de la présence de nouveaux colorants sur le marché. II fallait désormais être chimiste pour pouvoir connaître le mode d'application des colorants aux tissus. Or, ces spécialistes faisaient gravement défaut à Mulhouse, d'où le projet d'ouvrir un cours de chimie dans cette ville.

 

C'est ainsi que naquit l'idée de cours de chimie appliquée aux « Arts ». II en est question pour la première fois en 1811, comme le prouve un rapport du Conseil Municipal en date du 5 mai de cette même année ; en voici le programme :

 

« ... un cours de statistique commerciale et de chimie élémentaire appliquée aux « Arts » doit familiariser de bonne heure les élèves avec les premières connaissances indispensables pour l'état qu'ils se proposent d'embrasser. Traité avec méthode et avec tous les avantages d'une précieuse analyse, le cours éclairera les efforts souvent infructueux de la routine, formera des fabricants éclairés et nourrira une pépinière de jeunes chimistes dont, par la suite, l'activité et les heureux efforts donneront un nouveau lustre à l'industrie des Mulhousiens ».

 

 

Mulhouse en 1821, "du coté du couchant"

 

 

Fabrique d'indiennes & Filature de coton de M. Dollfus Mieg & Cie

à Dornach (près Mulhausen) 1822

 

En 1812, on créa le Collège Communal (1) : les cours avaient lieu dans une maison située place Lambert qui, avant la Réforme, avait servi de logement au Curé de la paroisse Saint-Etienne. C'était déjà une véritable école technique, puisque les sciences mathématiques, physiques et chimiques y constituaient la base de l'enseignement, alors que le « latin et le français formaient le complément de l'instruction ».

 

En 1818, le Conseil Municipal put acquérir, pour la somme de 40 000 francs une maison sise Grand-Rue, dans laquelle Godefroy Engelmann avait installé, en 1815, le premier établissement lithographique fondé en France. C'est dans cet immeuble qu'eurent lieu, en 1822, les premiers cours de chimie appliquée aux « Arts ».

 

 

Le 1er mars 1822

 

En 1819, dans son rapport sur « l'Exposition des Produits Industriels », le Préfet exposait au Ministre de l'Intérieur, l'utilité de la création d'une chaire de chimie à Mulhouse. Emile Schlumberger fit les démarches à Paris en vue de trouver un Régent pour cette chaire ; Dulong et Thenard lui recommandèrent Degenne, ancien élève de l'École Normale Supérieure. Selon Gueneau de Mussy, membre du Conseil Royal de l'Instruction Publique, Degenne « est très fort en physique et en chimie et, de plus, il a toute la sagacité nécessaire pour faire l'application de ses connaissances aux « Arts » (2).

 

L'ouverture du cours de chimie fut annoncée dans les « Affiches de Mulhouse » (3) : « le cours de chimie appliquée aux Arts, commencera le 1er mars 1822 (lundi, mercredi, jeudi et samedi de 5 à 7 heures du soir), à raison de 6 francs par mois. On admettra 10 préparateurs... ».    

 

Le nombre d'inscriptions apparut au départ riche de promesses. On comptait 44 auditeurs dont la grande majorité était des Mulhousiens issus de familles de manufacturiers (Koechlin, Schlumberger, Schwartz, Thierry, Zuber, Mieg, Dollfus, Zundel et Heilmann... (4). Néanmoins, les débuts de ces cours ne tardèrent pas à se heurter à de nombreuses difficultés. Degenne devait à la fois enseigner, organiser le laboratoire, surveiller les préparateurs, veiller à l'achat des produits et ceci sans programme précisé au préalable. « La tâche la plus pénible est ce cours pratique ; vous pouvez prévoir d'avance combien il faut de soins, quelle surveillance active il faut exercer sur six jeunes gens qui travaillent ensemble toute la journée pour qu'ils viennent à bout de leur expériences » (5).

 

Les Difficultés de Degenne

 

Après un an d'expérience, Degenne réorganisa son enseignement ; en 1823, les cours débutèrent par « l'exposé des principes de physique théorique et appliquée aux Arts, nécessaires pour l'intelligence de la partie purement physique ». Cette réorganisation entraîna des dépenses importantes : le Bureau d'Administration du Collège jugea bientôt excessives les exigences somptuaires du jeune professeur. Les rapports entre la municipalité et Degenne se tendirent encore, lorsque celui-ci partit en vacances sans en avoir obtenu l'autorisation préalable comme il était de rigueur à cette époque. Degenne ne reprit pas ses cours en septembre 1824 ; le Bureau d'Administration décida alors de suspendre les cours de chimie. Le Recteur entérina cette décision : « constatant que pour l'alimentation des cours dont ce régent a été chargé, il a fait, malgré les avertissements qui lui ont été donnés, des dépenses fort au‑dessus des moyens que le Bureau d'Administration pouvait mettre à sa disposition, qu'il a endetté la caisse du Collège d'une somme considérable, qu'invité à rester au Collège pour ouvrir ses cours le 4 septembre dernier, époque à laquelle le Collège lui-même est rentré, il a par une désobéissance affectée et par conséquent très blâmable, quitté la ville de Mulhouse pour n'y rentrer que longtemps après la reprise des classes, qu'il s'est permis de faire imprimer et de signer un prospectus de deux cours de chimie sans avoir consulté le Bureau d'Administration du Collège, ni obtenu le visa du Recteur, arrêtons que les cours de chimie du Collège de Mulhouse sont provisoirement suspendus » (6).

 

Achille Penot, successeur de Degenne

 

Les cours de chimie ne furent repris qu'en mai 1825, sous la direction d'Achille Penot, alors régent de physique au Collège d'Aix. 

 

Quant à Degenne, il ouvrit un cours privé à la Porte Jeune, cette ouverture fut annoncée par voie d'Affiches (7).  

« Pour donner à une institution aussi utile toute l'extension qu'il est possible, il sera fait cette année deux cours :

1. Cours de chimie élémentaire, leçons les lundis et mercredis à six heures précises du soir,

2. Cours de chimie appliquée aux arts et spécialement au chauffage et à la fabrication de l'Indienne, leçons tous les mercredis à 5 heures et demie précises.

 

 

Département du Haut-Rhin, Samedi le 16 février 1822 Affiches de Mulhausen n°7

Outre ces deux cours, il sera admis, comme élèves préparateurs, cinq jeunes gens ayant déjà suivi un cours quelconque de chimie pendant environ 1 an et reconnus en état d'être admis à cette place, et de plus trois élèves commençant, qui travailleront également au laboratoire, mais deux heures par jour seulement sous la direction d'un répétiteur.

 

L'augmentation notable faite au laboratoire, l'extension de nos moyens pécuniaires, créée par une nouvelle organisation, le choix d'un chef préparateur habile, remplissant aussi les fonctions de répétiteur sont garants d'avance de l'intérêt que ce nouveau cours doit exciter. Je ferai en outre tous mes efforts pour prouver que l'on peut maintenant en cette ville, donner autant d'extension aux études chimiques que dans Paris même, où l'instruction serait plus dispendieuse, mais où l'on ne serait pas à même de cultiver aussi bien cette science dans une de ses applications les plus importantes pour ce département. Les personnes qui dans l'intérêt de leurs concitoyens ont fondé ce cours, ne peuvent manquer de seconder nos efforts, elles pourront en tout temps s'assurer de la réalité de ces promesses (signé L. Degenne, 19 novembre 1824) ».  

 

Le Maire de la ville craignant que ce cours ne concurrençât celui de Penot, en demanda la fermeture. Degenne grâce à des appuis puissants obtint une autorisation ministérielle pour poursuivre son enseignement. C'est ainsi qu'en 1825, à Mulhouse, fonctionnaient deux cours de chimie appliquée aux Arts. Celui de Degenne cessa subitement en raison de la disparition accidentelle de son promoteur ; quant à son laboratoire, il fut vendu.

 

Penot, de caractère beaucoup plus souple que son prédécesseur, organisa cependant son cours selon le plan préconisé par ce dernier. II obtint bientôt des crédits de fonctionnement assez importants. Les rapports de Penot et de la municipalité furent encore améliorés grâce à la fondation, en 1826, de la Société Industrielle de Mulhouse. Malgré cela Penot, dès 1827, se voyait contraint de formuler de nouvelles demandes de crédit auprès de la Municipalité. « Le laboratoire de chimie du Collège se trouve dans un tel état de dénuement, que je crois devoir fixer sur cet objet les yeux de l'administration » (8)

 

Dans une lettre en date du 22 septembre 1828, le Président de la Société Industrielle demandait la gratuité du cours de chimie, ceci en raison de la diminution progressive de l'effectif des auditeurs. Dans sa réponse du 3 octobre 1828, le Conseil Municipal déclara que « la proposition ci-dessus ne peut être prise en considération » (8).

 

Malgré ces difficultés, le cours de chimie se développa et connut bientôt un vif succès grâce essentiellement à la très forte personnalité d'Achille Penot. Ce remarquable savant s'intéressa, à côté de ses préoccupations scientifiques, à de nombreux problèmes d'application, comme en témoignent ses nombreuses publications dans le Bulletin de la Société Industrielle. Ses mémoires sur l'analyse de la bouse de vache et son emploi dans la fabrication des toiles peintes étaient célèbres à l'époque. 

 

Dès 1831, fut organisé un enseignement de physique. En 1841, se situe un plaisant événement qui semble avoir défrayé la « chronique scandaleuse » d'alors. Nous en trouvons l'écho dans une lettre adressée par le Directeur du Collège au Maire de la Ville de Mulhouse, que nous reproduisons ici (9).

 

« Mulhouse, le 7 novembre 1841

Monsieur le Maire,

 

Depuis le commencement de l'année, j'ai remarqué que les chimistes vont constamment chez le portier au lieu de travailler dans le laboratoire. Les motifs de ces visites si fréquentes me paraissent être la présence de la fille d'Hartmann ; j'ai défendu hier, de la manière la plus formelle, au Sieur Hartmann de laisser jamais entrer dans sa loge un quelconque des élèves chimistes.

 

Je voudrais bien pouvoir en dire autant aux préparateurs, mais je sais que mon injonction n'aurait aucune sanction, les intérêts que j'ai à surveiller dans cette circonstance sont si précieux que je regrette vivement d'être désarmé.

 

J'ai fait part à Monsieur Penot de mes préoccupations, et il les a partagées. Dès l'an dernier, m'a-t-il dit, j'ai pris, mais en vain, la mesure que vous venez d'ordonner. Je veillerai avec la plus grande sollicitude à ce que les élèves n'aient aucune relation avec la fille du portier et, si l'interdiction de la loge ne suffisait point, je n'hésiterais pas à provoquer les mesures qui me paraissent nécessaires pour le maintien de la bonne marche de cet établissement dont vous m'avez confié la direction.

 

J'ai l'honneur... ».

 

De la Grand-Rue à la rue Huguenin

 

En 1854, les classes industrielles du Collège Municipal furent détachées de ce dernier pour former l'École Professionnelle de Mulhouse. En même temps que la ville ouvrait cette École, le gouvernement français créait les Écoles Supérieures des Sciences Appliquées (décret du 24 août 1854). Le programme de celles-ci se rapprochait de ceux de la licence ès-sciences. Ces « Écoles » en effet se situaient entre les lycées et les facultés, c'est à dire entre le niveau du baccalauréat et celui de la licence, mais avec une orientation plus pratique. L'École Supérieure des Sciences Appliquées ouvrit ses cours en novembre 1855 dans les locaux de l'École Professionnelle et de l'École de Dessin de la rue Huguenin : les plans en avaient été dessinés par l'architecte mulhousien J.B. Schacre (1). Le laboratoire de chimie ayant déjà pu s'assurer, en raison de son importance, une indépendance incontestée, fut agrandi et annexé aux deux Écoles précitées.

 

École Professionnelle (à droite, les laboratoires)

 

Ce fut Paul Schutzenberger (1830-1897) qui fut chargé du cours de chimie, alors que Penot prenait la direction de l'École des Sciences Appliquées, et enseignait la physique. Sous l'influence de Schutzenberger (1855-1865), le programme du cours de chimie fut orienté vers l'enseignement scientifique, complété par le travail au laboratoire, pour former de jeunes chimistes aptes à rendre à l'industrie les services dont elle avait besoin. Grâce à la Société Industrielle et à la Ville de Mulhouse, un nouveau laboratoire perfectionné, permettant aux élèves de s'initier à l'Analyse Qualitative et Quantitative, fut bientôt installé.  

 

1866 : création de la section de chimie indépendante

 

Les cours de chimie furent, par la suite, portés à deux ans et en 1866, cet enseignement donna naissance à la Section de Chimie Indépendante, rattachée comme annexe à l'École Supérieure des Sciences Appliquées. Pendant ces deux années d'études, les élèves suivaient, à côté des cours de chimie générale et de physique, des cours de chimie analytique et industrielle. Le temps laissé libre par les cours était consacré aux travaux pratiques, soit en tout 30 heures par semaine. Comme conditions d'admission, il fallait être âgé de 16 ans au moins et justifier des notions élémentaires de chimie exigées pour le baccalauréat. Au bout de ces deux années de formation, un certificat d'études était délivré à tous ceux qui avaient subi avec succès l'examen final.  

 

L'enseignement de la chimie après le départ de Schutzenberger en 1865, fut confié à Rosenstiehl (1865-1868), puis à Perrey (1868-1871) ; quant à Schneider, il enseigna la physique de 1864 à 1874 (10).  

 

L'École Municipale de Chimie de Mulhouse

 

En 1870 la guerre éclata et l'Ecole Supérieure des Sciences Appliquées fut fermée. Seule l'Ecole Professionnelle put être sauvée ainsi que la Section de chimie qui devint en 1871 l'Ecole Municipale de Chimie Industrielle. La réorganisation de celle-ci fut menée à bien grâce à une heureuse collaboration entre la Société Industrielle qui lui donnait l'appui moral de son patronage, et la Ville de Mulhouse qui en assurait le financement.  

 

Un Conseil de Surveillance confia la Direction au Professeur Goppelsroeder de Bâle ; sous son impulsion les effectifs augmentèrent sans cesse, passant de 7 élèves réguliers en 1872, à 28 en 1878. Charles Kopp enseigna la physique de 1874 à 1879, cependant que H. Schmid était le collaborateur de Goppelsroeder et occupait le poste d'assistant. L'enseignement dont la durée avait été maintenue à deux années, comprenait des cours de chimie générale, minérale et organique, un cours de chimie industrielle dans lequel une large place était réservée aux industries du blanchiment, enfin un cours de chimie analytique et de physique appliquée.  

 

En première année, les travaux pratiques portaient sur l'analyse qualitative et quantitative et la préparation de produits chimiques, en deuxième année sur l'analyse volumétrique et sur des essais de blanchiment, de teinture et d'impression. Des visites d'usines de la région complétaient cette instruction.  

 

Quai du Fossé : une nouvelle École de Chimie 

La Société Industrielle de Mulhouse, dans sa séance du 30 janvier 1878 avait estimé que l'École de Chimie se trouvait trop à l'étroit dans les locaux de l'École Professionnelle : « l'urgence d'un emplacement plus vaste, plus commode, mieux éclairé et surtout mieux ventilé, s'impose d'une manière impérieuse » (11). Une commission présidée par A. Lalance fut chargée d'étudier un projet pour une nouvelle école et de trouver les ressources nécessaires à sa construction.    

 

Un appel à la générosité des Industriels de la région et des amis de l'École permit de rassembler la somme importante de 122 000 francs. Ce fut un résultat inespéré au moment surtout où l'industrie était peu prospère. On décida de construire la nouvelle École de Chimie au Quai du Fossé, sur un terrain appartenant à la Ville de Mulhouse. Une convention passée entre la Société Industrielle et la Ville stipulait que cette dernière abandonnerait ses droits de propriétaire en 1898, à la condition que la première se chargeât de tous les frais d'entretien et d'administration de l'École. Les plans du nouvel établissement furent confiés à M. Sauvestre, architecte de Paris. Après la disparition du ruisseau du Walkenbach devenu souterrain, l'École fut construite, puis inaugurée en octobre 1879.  

 

Le bâtiment composé d'un pavillon central à étages et de deux ailes au rez-de-chaussée, comprenait deux laboratoires pour une cinquantaine d'élèves, deux salles de cours, des salles spéciales pour les balances, les expériences photométriques, l'analyse des gaz, la bibliothèque, la collection de physique. Le bureau du Directeur ainsi que son laboratoire privé, une grande salle inachevée, réservée en principe à des conférences publiques complétaient cet ensemble. Les frais d'installation s'élevèrent à 140 000 francs (12).

 

 

DOLLERGRABEN, le Quai du Fossé en 1822

(maintenant Avenue du Président Kennedy)

Le ruisseau du Walkenbach

 

Emilio Noelting 

Un changement considérable eut lieu vers cette époque dans le corps enseignant Goppelsroeder ayant demandé à être relevé de ses fonctions, le soin de la direction fut alors confié à un jeune chercheur, Emilio Noelting, qui s'était fait connaître de bonne heure par ses remarquables publications et découvertes. L'importance de son oeuvre et les qualités multiples de ce savant incitent à retracer brièvement sa carrière.  

 

Emilio Noelting naquit le 8 juin 1851 à Puerto del Plata (République de Saint Dominique), devenue République de Saint-Domingue où son père d'origine danoise était fixé et avait acquis la nationalité dominicaine (13). Âgé d'un an à peine, il perdit son père ; sa mère d'origine espagnole alla avec son fils rejoindre la famille de son mari à Hambourg. A 13 ans, il se rendit à Paris où il fut reçu bachelier-ès-lettres en 1869 et ès-sciences en 1870. Cette même année, passa avec succès l'examen d'entrée à l'École Centrale des Arts et Manufactures. En raison de la guerre, il se rendit à Zurich, où, après une année de mécanique et de mathématiques, il entra dans la section de chimie du Polytechnikum. II obtint son Diplôme en 1873 et fut successivement assistant de Victor Meyer et d'Emile Kopp, mulhousien d'origine et professeur de Chimie.  

 

Après avoir passé son doctorat en 1875, il entra dans l'usine de teinture de soies de MM. Renard, Viller et Bunand à Lyon, établissement qu'il quitta en 1877 pour entrer dans les laboratoires de Prosper Monnet à la Plaine près de Genève, l'un des fondateurs des futures Usines du Rhône. C'est là qu'en 1880, E. Noelting fut appelé à la Direction de l'École de Chimie de Mulhouse.

 

Dès son arrivée dans cette ville, il assuma les cours de chimie minérale, de chimie organique générale et organique appliquée aux colorants et à l'industrie textile, branche dans laquelle il s'était spécialisé. L'enseignement de la chimie analytique et de la physique fut confié à Charles de la Harpe jusqu'en 1885, date à laquelle il fut remplacé par E. Wild, assistant de chimie organique depuis 1882.  

 

La première préoccupation de Noelting fut l'extension des programmes. Pour faire face au développement rapide de la chimie il fallait, selon lui, dispenser un enseignement équivalent à celui des facultés des sciences. En 1886, fut créé un cours de physique industrielle confié à Walter-Meunier, ingénieur en chef de l'Association Alsacienne des Propriétaires d'Appareils à Vapeur. En 1888, la durée des études fut portée à trois ans, ce qui permit un remaniement complet des programmes ; les deux premières années étaient consacrées à un enseignement général de base, quant à la troisième année, elle permettait aux élèves de s'intéresser à des questions de Sciences appliquées, ils étaient ainsi mieux aptes à résoudre les problèmes d'ordre pratique avec lesquels ils allaient être confrontés lors de leur entrée dans l'industrie. A la fin de la deuxième année, « un certificat d'études » leur était délivré, les élèves terminant leur troisième année recevaient un Diplôme. Les frais de scolarité étaient relativement élevés pour l'époque : 800 francs par an pour les Alsaciens-Lorrains, 900 francs pour les Allemands et 1 250 francs pour les étrangers.  

 

En dehors des élèves réguliers, l'École admettait des « manipulateurs libres », autorisés à travailler au laboratoire et à suivre les cours de leur choix. C'étaient en général des chimistes chevronnés ayant fait des études de chimie générale dans d'autres Écoles et qui venaient à Mulhouse pour se spécialiser dans l'étude des matières colorantes. Pour ces « manipulateurs libres », les frais étaient de 100 francs par mois.  

 

A partir de la rentrée de 1888, les cours qui jusqu'alors se faisaient en français durent, par ordre des autorités, être professés en langue allemande. En 1890 fut introduit un cours de minéralogie professé par Beckenkamp.  

 

1892 : Nouvelles Extensions de L'Ecole  

Le développement des études allait nécessiter une extension des bâtiments déjà existants. En 1892, la Société Industrielle prenait la décision d'acquérir le terrain sur lequel était installée l'École, et qui avait été mis à sa disposition lors de la construction du nouveau laboratoire en 1878. Par ce fait même, la Ville renonçait à la clause qui eût rendu la Société Industrielle propriétaire du bâtiment à partir seulement de 1898. En échange, la Société Industrielle cédait à la Ville tous les terrains qu'elle possédait au Tannenwald où se trouvait déjà installé depuis 1868 le Jardin Zoologique, lequel devint dès lors propriété municipale (14). Dès 1893, l'École fit à nouveau appel aux Industriels et Amis de l'École. Les sommes ainsi recueillies, auxquelles s'ajoutèrent des subventions de la Ville et du Gouvernement ainsi que la dotation Haeffely, permirent de couvrir les frais (100 000 francs).  

 

Les nouvelles constructions comprenaient en prolongement des salles existantes au rez-de-chaussée, un nouveau laboratoire pour 70 élèves, une salle pour les essais de teinture et d'impression, un bureau avec un laboratoire destiné au professeur de physique. Le premier étage était réservé à deux salles pour les cours et les manipulations de physique et de chimie-physique, à un bureau plus vaste pour le Directeur avec un laboratoire destiné à ses assistants et aux élèves aptes à poursuivre des recherches scientifiques et industrielles.

 

Le sous-sol, prévu pour les approvisionnements de tout genre, permit en outre l'installation à côté d'un atelier pour le mécanicien, d'un groupe électrogène et d'un vaste local réservé pour des travaux spéciaux. La grande salle qui devait servir primitivement à des conférences publiques fut convertit en magasin, et en annexe du nouveau laboratoire. Les bâtiments ainsi rénovés entrèrent en fonction dès 1895. En 1896, fut construite une cheminée de plus de 20 mètres de haut, attenant à ce laboratoire.  

Allant de pair avec l'extension des bâtiments, l'enseignement grâce à Noelting fut constamment remis à jour et singulièrement approfondi. En 1893, fut professé un cours de jurisprudence par Dietz, avocat et secrétaire de la Chambre de Commerce de Mulhouse. En 1896, Rupe fut chargé d'un cours de stéréochimie et de chimie théorique; quant à Beckenkamp il fut remplacé à cette époque par Osann, professeur extraordinaire de Minéralogie à l'Université de Wurzbourg.

 

 

 L'École de Chimie (1899)

 

 

Un laboratoire de teinture (1905)

 

C'est alors aussi qu'il fut question de l'établissement d'une quatrième année d'études, en vue d'obtenir une équivalence entre les diplômes délivrés par l'École et ceux délivrés par les Universités suisses et allemandes. En 1898 fut donc instituée la quatrième année ; consacrée à des recherches originales dans les différents laboratoires, c'était en fait un travail réduit de thèse. A leur sortie, les élèves recevaient « le Diplôme Scientifique de l'École de Chimie de Mulhouse » ou « Zeugniss Wissenschafftlicher Befahigung » (15). Ce diplôme spécial s'ajoutant à celui qui sanctionnait le cycle normal des trois années avait été créé pour les élèves qui se destinaient à un doctorat.  

 

Pendant les vingt années où Noelting dirigea l'établissement, l'École connut donc un développement constant. Elle accueillait de très nombreux étrangers, dont un fort contingent d'étudiants russes, qui devaient être à l'origine du développement de l'industrie de la manutention textile, dans leur pays.  

 

Durant cette même époque, l'École reçut de nombreux prix ou distinctions ; une médaille d'or à l'exposition de Saint-Louis (U.S.A.) en 1893, une médaille de bronze à Chicago, le grand prix Daniel Dollfus décerné par la Société Industrielle en 1896

 

Ce remarquable rayonnement de l'École était dû principalement à la personnalité de Noelting, mais aussi à celle de ses collaborateurs, dont les plus connus furent De Kostanecki, Labhardt, Feuerstein, Dzievonski.

 

Au début du XXème siècle, l'École de Chimie de Mulhouse est une institution en plein essor, de réputation internationale, dotée d'installations et de matériel très modernes pour l'époque.  

 

6 mai 1905 : le jubilé Noelting 

Le 6 mai 1905 était célébré le jubilé du Professeur Noelting qui avait pendant vingt cinq ans imprimé à l'École la marque d'une personnalité exceptionnelle. Des savants de nombreux pays vinrent lui apporter le témoignage de leur amitié et de leur admiration pour la contribution si importante que l'École, sous son impulsion, avait apportée au progrès scientifique et technique. D'autres envoyèrent leurs félicitations, parmi lesquels Caro de Mannheim, Curtius de Heidelberg, Graebe de Genève...    

 

 

Emilio NOELTING

 

La même année, Walther Meunier, professeur de physique et de mécanique, est remplacé par Remy, ancien élève de l'École Centrale et associé de la maison J. Heilmann et Cie.  

 

Mais la tâche de Noelting assumant les fonctions de directeur, de professeur, de maître de recherches devient de plus en plus lourde. Aussi en 1907 il se charge du cours de chimie organique générale et de la surveillance des laboratoires de 3ème année qu'il confie à Kehrmann jusqu'ici Privat Docent à l'Université de Genève (16).    

 

L'extension des cours exige de nouveaux agrandissements (17) réfection du laboratoire de chimie organique, construction d'un local spécial pour les manipulations à l'hydrogène sulfuré, installation du système Martini Hüncke pour le stockage et la distribution des liquides inflammables (vidange des cuves par pression de gaz carbonique).  

 

En 1908 également, pour la première fois une jeune fille s'inscrit à l'École, Mademoiselle Aimée Stepanoff.  

 

Quelques années plus tard, nouvelles modifications dans la composition du corps enseignant : en 1910, Kehrmann est remplacé par Grandmougin, ancien élève de l'E.S.C.M. et Professeur au Polytechnikum de Zurich, en 1911, Zickendraht, Privat Docent à l'Université de Bâle, succède à Muller. Spécialisé dans la télégraphie sans fil, il installe en 1912 (18) une station de télégraphie laquelle malheureusement doit interrompre ses émissions dès 1913, l'administration des télégraphes n'ayant pas renouvelé son autorisation (19). Grandmougin, Professeur de Chimie Organique Générale, enseigne pour la première fois un cours de spectroscopie appliquée à l'analyse des matières colorantes « en nature et sur tissus », et Bruggeman, en remplacement de Dietz, professe la législation des brevets ainsi que la filature et le tissage des différentes fibres textiles.  

 

La guerre 1914 - 18  

La guerre arrête momentanément l'essor de l'École. L'année 1914-1915 s'ouvre avec un effectif de 15 élèves, alors que les années précédentes, on en comptait 80 en moyenne.  

Grandmougin et Zickendraht ne peuvent revenir en Alsace à la rentrée, et se sont Wild et Noelting qui assument l'enseignement pour les deux premières années alors que les cours de Rémy et Bruggemann sont supprimés faute d'élèves en 3ème année. Les conditions d'enseignement devenant de plus en plus difficiles, l'École est fermée le 30 juin 1915 à la suite d'une décision du Conseil Municipal en date du 17 juin (20). La Société Industrielle ratifie la fermeture de l'École, à condition que la Municipalité continue à payer chaque année 3 600 marks pour l'entretien des bâtiments et l'assurance contre les risques d'incendie. Peu après Noelting est expulsé. Selon Battegay, cette expulsion est le « suprême hommage rendu par les Allemands à un caractère qu'ils n'avaient pu asservir et qu'ils rendi­rent apparemment responsable de l'esprit libéral et indépendant, pour ne pas dire « frondeur » qui régnait à l'École. Celle-ci en effet n'avait pas cessé d'être pendant le demi‑siècle de séparation de la patrie, un foyer d'où l'idée fran­çaise rayonnait sur toute la petite province, momentanément détachée de la grande famille nationale » (21)

 

 

Eugène WILD

 

Pendant les années de guerre (1915-1918), les militaires allemands occupent l'École et y installent un Institut de Bactériologie. Un inventaire de tout ce qui appartenait à l'École est dressé ; grâce à une surveillance constante, il n'y a ni déprédation, ni vols importants. Le cuivre peut être sauvé, quant au platine il est entièrement réquisitionné, mais remboursé à la ville. L'amphithéâtre de physique est utilisé pendant les deux dernières années pour l'instruc­tion des jeunes filles des écoles voisines, dont beaucoup de locaux avaient reçu une autre destination.  

 

1919, un afflux de jeunes chimistes à Mulhouse  

La guerre terminée, de nombreux élèves se présentent à Mulhouse ; Noelting est rappelé afin d'y assurer la réor­ganisation de l'École, Wild est nommé Directeur et Battegay Directeur Adjoint. Grâce à leurs efforts conjugués, l'École peut rouvrir ses portes le 1er mai 1919.  

 

Martin BATTEGAY

 

La nouvelle année 1919-1920 voit l'inscription de 113 élèves, chiffre supérieur à l'effectif des années antérieures à 1914. L'enseignement est constamment mis à jour, de nouveaux professeurs sont nommés. Baller dispense les cours de chimie organique générale, Rémy reprend ses cours de technologie industrielle ; d'autres disciplines sont approfondies avec Eyraud (mécanique, chaleur), Perrin (acoustique, optique, électricité), Klug (droit civil et com­mercial), Ortlieb (cours élémentaire de filature et tissage). 

 

La direction fait paraître de nouveaux règlements intérieurs concernant les frais d'études, le programme des exa­mens d'admission, la progression des études... Des salles de lecture avec bibliothèque sont installées dans l'ancienne maison Gysperger, proche de l'École et mises à la disposition des élèves en dehors des heures de classe, pour leur permettre de travailler tranquillement (20)

 

L'École de Chimie entretient d'excellentes relations avec les différents Instituts de Chimie de France et c'est ainsi qu'en 1921, est créée la section Strasbourg-Mulhouse de la Société Chimique de France. Au cours de cette même année, il y eut de nouveaux changements dans le corps enseignant et de nouveaux aménagements. P. Kloevkorn, professeur au Lycée de Mulhouse, est chargé d'un cours de cristallographie et Grumler initie les élèves de Sème année aux techniques financières et comptables. Baller entré dans l'industrie, est remplacé par G. Mignonac, ancien préparateur au Collège de France, G. Hugel enseigne la chimie analytique et E. Banderet les mathématiques ainsi que la physique.  

 

Les bâtiments existants sont transformés : agrandissement de l'aile gauche, de l'amphithéâtre qui peut désormais contenir une centaine d'auditeurs, aménagement de nombreuses salles le coût des travaux s'élève à 417 000 francs (22).  

 

L'année 1922 est marquée par le décès de NOELTING au mois d'août, à Mérano en Italie. Nombreux furent ceux qui rendirent un fervent hommage au grand savant, dont le nom reste attaché à l'essor de l'École.

 

En 1923 est créé un fonds appelé « Bourse Noelting » dont les intérêts permettent de subventionner les élèves diplômés méritants et de leur faciliter ainsi une 4ème année d'études ; à l'annonce de cette décision, Madame Noelting fait un don de 40 000 francs à ce fonds dont la gestion revient à l'Association des Anciens élèves. La même année, E. Remy, Professeur de mécanique industrielle, est nommé Maire de la Ville de Mulhouse et remplacé par J.J. Ludwig (23).  

 

Le budget de l'Ecole est assuré par des subventions de la Ville et de la Société Industrielle auxquelles s'ajoutent depuis 1920 des dotations de l'Union des Producteurs et Consommateurs de Matières Colorantes, ainsi que des crédits d'Etat attribués par la Direction de l'Enseignement Technique du Ministère de l'Instruction Publique.  

 

En 1926, Wild ancien collaborateur de Noelting depuis 1882 prend sa retraite, et M. Battegay est nommé Directeur. R. Flatt, ancien collaborateur de Treadwell succède à G. Hugel ; J. Lichtenberger, ancien élève de l'École de Physique et Chimie de Paris, qui avait dirigé jusqu'alors les Etablissements Lambiotte, occupe la chaire de Mignonac nommé à la Faculté des Sciences de Strasbourg et A. Perret est chargé de l'enseignement de la Chimie Analytique.  

 

Le développement de la chimie physique et son application croissante dans la résolution des problèmes industriels incitent la direction à créer au 1er octobre 1927 une chaire de Chimie Physique avec P Mondain Monval ancien élève de Le Chatelier, comme premier titulaire, et à décider de l'agrandissement de l'École (24).  

 

Une nouvelle fois la Ville de Mulhouse et la Société Industrielle mettent leurs efforts en commun. Une somme de 1 800 000 francs, considérable pour l'époque, fut réunie, et le 14 janvier 1928 eut lieu l'inauguration des Laboratoires de Chimie-Physique, à l'occasion de laquelle le Professeur Le Chatelier fit une magistrale conférence sur la « Formation des Elites intellectuelles dans la Science et l'Industrie ».

 

Ces bâtiments existent encore aujourd'hui, ce sont eux qui rénovés, abritent le Centre de Physico-Chimie des Surfaces Solides dépendant du CNRS. 

 

En même temps, l'extension de la Chimie Physique exige la création de cours plus approfondis de mathématiques et de physique, la durée des études est portée à sept semestres et les étudiants doivent effectuer en chimie générale, en chimie organique, en chimie physique, un travail de recherches.  

 

Au printemps 1928, l'École reçoit la visite de S.M. le Roi d'Afghanistan qui, à l'occasion d'un voyage en Europe, a tenu à voir l'Institut où quatre de ses sujets accomplissaient leurs études (25).  

 

La grande crise de 1929 n'affecte que partiellement l'École de Chimie de Mulhouse ; certes le recrutement devient plus difficile, sans nuire cependant à son harmonieux développement. Afin d'éviter toutefois un trop grand afflux d'élèves étrangers, on décide de doubler pour eux les frais de scolarité (27).  

 

4 décembre 1930, création de la Fondation

de l'Ecole Supérieure de Chimie de Mulhouse 

 

Préparée par M. Battegay depuis quelques années, une étape importante est franchie en 1930 : d'établissement municipal qu'elle était jusque là, l'Ecole est érigée en Fondation autonome privée reconnue d'utilité publique par un Décret en date du 4 décembre. Le nouveau statut lui permettant de recevoir des dons et des legs, la Fondation qui prend le nom d'École Supérieure de Chimie de Mulhouse est dotée par la Ville et la Société Industrielle des terrains, immeubles et matériels précédemment possédés par l'une ou l'autre de ces collectivités, ainsi que d'un capital mobilier. Elle est placée sous le patronage des deux organismes précités auxquels se joint la Chambre de Commerce de Mulhouse. Ces collectivités délèguent des représentants à son Conseil d'administration, qui comprend en outre un représentant du Conseil Général du Haut-Rhin, trois représentants de l'Enseignement Supérieur, à savoir le Directeur de l'Enseignement Supérieur, le Recteur de l'Académie de Strasbourg, le Doyen de la Faculté des Sciences, enfin l'Inspecteur général de l'Enseignement Technique d'Alsace et de Lorraine ; cette représentation consacre les liens qui l'unissent désormais aux organismes locaux ainsi qu'avec les deux directions de l'Enseignement Supérieur et de l'Enseignement Technique (26).  

 

Pendant les années qui précédèrent la deuxième guerre mondiale, l'évolution de l'École qui avait conduit à de nouvelles structures administratives, allait se manifester également sur d'autres plans : recrutement, enseignement, formation..., par des initiatives originales.

 

Pour relever le niveau des connaissances des élèves entrants, M. Battegay provoquait la création de la Société des Amis de l'École qui mettait au concours chaque année des bourses d'études substantielles offertes par l'Industrie. Ce concours permettait, sur un programme plus élevé que celui du baccalauréat de mathématiques élémentaires, de sélectionner des têtes de promotion de valeur, susceptibles d'entraîner les autres élèves. Le premier concours eut lieu en Septembre 1936, sous la présidence d'un délégué du Ministère, inspecteur général de l'enseignement technique.  

 

En 1934, l'École Supérieure de Chimie est l'une des premières Écoles, sinon la première, à instaurer un enseignement de « Chimie des Matières Plastiques » donc de chimie macromolé­culaire, spécialité qu'elle n'allait cesser de développer par la suite dans tous les domaines de ses applications : matières plastiques, résines synthétiques, fibres naturelles et chimiques.  

 

En 1937, Roger N. Wallach de New York, ancien élève de l'École et Mulhousien d'origine, en reconnaissance de la formation reçue à l'École, offre une subvention de 320 000 francs destinée à fonder un laboratoire de recherches sur le caoutchouc que va diriger L. Denivelle.  

 

A partir de 1933, à l'initiative de M. Battegay, vont se tenir des cycles périodiques de conférences, accompagnée de démonstrations pratiques et portant sur les progrès réalisés dans les arts textiles et dans le domaine des plastiques. Ces cycles qui regroupaient de nombreux spécialistes français et étrangers connurent un grand succès. Le premier dit « Semaine Textile » se déroula en avril 1933. Très tôt on avait compris à Mulhouse l'intérêt de « l'éducation permanente ».  

 

Tous ces efforts allaient porter leurs fruits et être consacrés officiellement par la reconnaissance en 1935, d'emblée et sans conditions, du Diplôme ESCM, par la Commission des Titres d'Ingénieur nouvellement créée en juillet 1934, Quelques années après en 1938, l'École de Mulhouse figurait parmi les cinq Écoles de Chimie françaises admises à bénéficier d'une dispense de concours pour l'entrée de ses élèves dans le Service des Poudres.  

 

La Deuxième guerre mondiale

  

Repliée d'abord selon un plan préétabli à l'Institut de Chimie de Toulouse dès le début des hostilités de 1939, l'École de Chimie est transférée par la suite, à la demande de la Direction Générale de l'Enseignement Technique, de la Direction du Service des Recherches Techniques au Ministère de la Production Industrielle ainsi que des milieux industriels, dans la région lyonnaise qui répond mieux à ses activités traditionnelles.

 

Là, elle est hébergée dans les bâtiments de l'Institut de Chimie de la Faculté des Sciences de Lyon, qui abritent l'École de Chimie Industrielle de Lyon (26).  

 

Dès 1940, frappé par les lois raciales, M. Battegay doit démissionner et J. Lichtenberger lui succède comme directeur. Entouré d'un petit groupe de fidèles, R. Perrot Professeur, et P André Secrétaire Général, il va réussir avec des moyens propres, insignifiants, mais grâce à l'aide fraternelle de l'École de Chimie Industrielle de Lyon, à maintenir une activité d'enseignement et de recherches pendant toute la durée de l'occupation. L'enseignement est partagé entre la Sème année de l'École de Lyon et une 4ème année de perfectionnement, il est axé sur les spécialités mulhousiennes : chimie des produits intermédiaires aromatiques, des colorants, des matières plastiques, du caoutchouc, des fibres textiles...  

 

Pendant ce temps à Mulhouse, les locaux de l'École avaient tout d'abord été utilisés par la Ville comme Centre de Statistiques, avant d'abriter à partir du 15 mai 1943 un Institut Supérieur de Chimie Textile dirigé par le professeur Elöd de Karlsruhe (28).  

 

1945 - 1957  

Dès 1945, l'École reprend le chemin de sa ville natale. Les bâtiments ainsi que le matériel sont retrouvés pratiquement intacts et grâce au concours de l'État, du Département, de la Ville, de la Société industrielle, de la Chambre de Commerce et des Industriels, la rentrée peut avoir lieu normalement en octobre 1945.  

 

Le programme des matières enseignées est peu modifié par rapport à 1939, et le corps professoral est rapidement reconstitué.  

 

Mathématiques et Physiques : E. Banderet ;

Chimie analytique et minérale : R. Perrot ;

Chimie physique générale, Industries minérales, électrochimie, Industrie des engrais : J. Cueilleron ;

Chimie organique générale : J. Lichtenberger ;

Chimie organique spéciale (matières intermédiaires, colorants, fibres textiles, teinture, impression, apprêtage...) : J. Meybeck ;

Chimie Physique spéciale (colloïdale, chimie physique des polymères élevés) : A. Banderet.  

 

Ces cours sont professés par des enseignants à temps plein, animant chacun un service de Recherche à l'École, auxquels s'ajoutent les cours dispensés par des conférenciers ayant une activité professionnelle.

 

Physique Industrielle : Ludwig, Fischbach, Hübler ;

Cristallographie et Minéralogie : Filozof ;

Industries de fermentation : Dr Tempé ;

Filature et Tissage : Hildebrand ;

Droit et comptabilité industriels : Me Simon.  

 

Les seules innovations marquantes en cette rentrée 1945 sont l'accroissement de la durée des études portées de 3 années et demi à 4 années, et l'instauration d'un concours portant sur les programmes de seconde, première et mathématiques élémentaires, destiné à sélectionner les meilleurs éléments parmi de très nombreux candidats.  

 

En 1947, l'École prend l'initiative de créer le Centre de Recherches Textiles de Mulhouse, établissement de recherches professionnel affilié à l'Institut Textile de France. Le Centre dont les laboratoires ont tout d'abord été installés dans les locaux de l'École, va connaître un développement rapide grâce à une symbiose étroite avec les Services de Recherches de l'École, spécialisés dans les domaines de la chimie des Textiles et de leurs traitements.  

 

Pendant les dix années suivantes, le cadre de fonctionnement de l'École allait être encore modifié par touches successives.  

 

En 1948, c'est une nouvelle consécration de la valeur de l'enseignement donné par l'École. Un décret de 1947 prévoyait la possibilité de transformer certains Instituts de Faculté ou d'Université en Écoles Nationales Supérieures d'Ingénieurs.  

 

En tant qu'établissement privé, l'École de Mulhouse ne pouvait être touchée par ce décret, mais elle demanda à cette époque, en même temps que l'École Supérieure de Physique et de Chimie Industrielle de la Ville de Paris, l'assimilation à une École Nationale Supérieure d'Ingénieurs (ENSI). Cette assimilation fut accordée en 1948 par le Ministère de l'Éducation Nationale qui considérait le concours d'entrée à l'ESCM et le diplôme d'Ingénieur qu'elle délivrait, comme équivalents à ceux des ENSI.  

 

Toutefois, cette reconnaissance obligeait l'École à n'admettre comme étudiants que des candidats ayant effectué après le baccalauréat une année d'études complémentaires, dite propédeutique, donnant accès aux Facultés, le programme étant celui du certificat d'Études Supérieures de Mathématiques, de Physique et de Chimie (MPC).  

 

Une nouvelle formule de concours d'entrée à l'ESCM était instaurée sur ces bases. En 1950, était ouverte au Lycée de Garçons de Mulhouse une classe préparatoire au concours ESCM, et en 1953 un Centre de concours était organisé à Paris au Lycée Claude Bernard.

 

En 1952, le Comité Technique de l'École était reconstitué sous la présidence de B. Thierry Mieg.  

 

Sur le plan de l'enseignement, en 1952 étaient créées à la demande de l'Industrie deux options pour les élèves de 4ème année : l'une dite Section Générale offrait un programme plus étoffé en technologie et en génie chimique, l'autre dite Section Textile traitait de façon plus complète la chimie et la physico-chimie des traitements textiles.  

 

En 1952 également les stages en usine, facultatifs jusque là, deviennent obligatoires pendant une partie des grandes vacances. Le contact avec les réalités industrielles se révèle particulièrement fructueux pour les futurs Ingénieurs.  

 

Parallèlement, le corps professoral allait subir des transformations assez profondes résultant du départ de certains enseignants, mais aussi de la diversification de l'enseignement. 

 

Ainsi, J. Cueilleron nommé maître de conférences à la Faculté des Sciences de Lyon (1951) est remplacé par A. Hérold ; R. Perrot nommé maître de conférences à la Faculté des Sciences de Besançon (1952) est remplacé par J.B. Donnet. La chimie minérale et la chimie minérale industrielle sont confiées à A. Hérold, la chimie physique et la chimie analytique à J.B. Donnet. 

 

De nouveaux postes sont créés :

-   Chef de travaux de chimie organique et cours d'analyse organique (J.P Fleury, 1953).  

-   Chef de travaux et cours de traitements textiles (R. Freytag, 1955).  

-   Chef de travaux de 1 ère année (A. Hatterer, 1955).  

 

Parmi les conférenciers, Berger succède à Hubler démissionnaire du cours de moteurs et de machines thermiques.  

 

De nouveaux cours : distillation et extraction fractionnées, technique des réactions sous pressions élevées, finances, comptabilité, sont confiés respectivement à MM. Paris, Delassus, Koechlin, Lévy.  

 

Une fois de plus, le développement, ainsi que la variété des Enseignements et de la Recherche à l'École, allaient poser comme dans le passé un grave problème de locaux. Grâce aux libéralités de la Ville de Mulhouse, du département du Haut-Rhin, de la Chambre de Commerce, de l'Industrie locale, une somme de 26 millions fut réunie qui, à partir de 1953, permit la rénovation et l'agrandissement du bâtiment de Physique le plus vétuste de l'École, inchangé depuis 1880. (Au cours des travaux de reprise en sous‑oeuvre des fondations devait apparaître le tracé de l'ancien ruisseau du Walkenbach).  

 

En 1956, l'École en liaison avec les Collectivités locales et l'Industrie allait prendre de nouvelles initiatives :  

-   la création d'un Centre associé au Conservatoire des Arts et Métiers qu'allait présider le Directeur J. Lichtenberger pendant la période de démarrage, 

-  la création du premier Foyer et Restaurant des étudiants à Mulhouse, aménagé dans une grande villa de la propriété du Mont des Roses, léguée à la Société Industrielle par Mademoiselle Gabrielle Koechlin. Ce fut J. Meybeck, alors Directeur Adjoint de l'École qui se chargea de réunir les fonds (27 000 000 francs) et d'engager les travaux nécessaires à l'installation de ces locaux qui furent mis à la disposition du Centre Régional des Oeuvres Universitaires et Scolaires le 3 janvier 1958 et inaugurés le 5 mai 1958. Ils devaient rester en service jusqu'à l'ouverture du Restaurant du Centre Universitaire de Mulhouse, le 1er octobre 1967.

 

 

24 mai 1957

Le rattachement de la Fondation à l'Université de Strasbourg

comme institut d'université

 

Cet événement qui allait être d'une importance considérable dans la vie de l'École, était l'aboutissement de longues, patientes et délicates négociations pour doter l'École d'un nouveau cadre de fonctionnement. En effet, presque aussitôt après sa réouverture en 1945 à Mulhouse, il était apparu au Conseil d'Administration de la Fondation et à son Directeur J. Lichtenberger qu'en raison des progrès extraordinairement rapides de la science et de la technique, la formation d'ingénieurs Chimistes de valeur ne pourrait plus être assurée qu'avec des moyens de plus en plus considérables, hors de proportion avec les seules possibilités des collectivités locales, même augmentées des subventions qui dans le cadre des règlements en vigueur, pouvaient être accordées par l'Enseignement Technique. D'autre part, l'École affirmait une vocation de formation de plus en plus nationale. Aussi fallait-il trouver une nouvelle structure permettant ce développement.  

 

Le décret de rattachement à l'Université de Strasbourg et les statuts dont était dotée l'École, lui laissaient une grande autonomie de gestion financière et pédagogique, tout en lui assurant les possibilités et les moyens d'une expansion qui, d'année en année allait se traduire dans les faits : nouvelles constructions, nouveaux enseignements, accroissement considérable de l'activité de recherche...   

 

Laboratoire de Chimie Organique, 3ème année, 1958

 

La Voie une fois tracée, le Professeur J. Lichtenberger, au conseil d'administration du 25 septembre 1957 confirmait son désir d'abandonner ses fonctions de Directeur de l'École. J. Meybeck, jusque là Directeur Adjoint lui succédait et J.B. Donnet était nommé Directeur Adjoint.  

 

Les journées scientifiques de Mulhouse 21, 22 et 23 mai 1958

La Reconstruction de l'École (29)

 

Un premier projet d'agrandissement sur place avait été esquissé en 1957 dans le cadre du Plan Legorgeu, mais les difficultés d'une telle réalisation étaient presque insurmontables en raison de l'exiguïté des terrains disponibles autour de l'École et de la disparité des constructions déjà existantes qui rendaient impossible un fonctionnement harmonieux de l'ensemble.  

 

La reconstruction de l'École en dehors du centre de la Ville s'imposait, en même temps qu'apparaissait l'impérieuse nécessité de créer à Mulhouse une propédeutique scientifique.  

 

Ces deux projets furent présentés lors des journées mulhousiennes de mai 1958 consacrées à la recherche et à l'enseignement scientifique et qui devaient être à l'origine de l'expansion universitaire à Mulhouse. Le Comité d'organisation animé par B. Thierry Mieg réunissait de nombreux industriels dont J. Dollfus et J.H. Gros, des représentants des collectivités locales, ainsi que les professeurs J. Lichtenberger, J. Meybeck, J.B. Donnet.  

 

Au cours de ces journées, un programme de développement de l'enseignement supérieur et de la recherche fut présenté à Gaston Berger Directeur de l'Enseignement Supérieur, et à Pierre Donzelot Directeur des constructions scolaires. La Ville de Mulhouse apportait un terrain de 100 ha situé à l'ouest de la cité à l'Illberg et en assurait la viabilisation, une surface d'environ 35 ha étant réservée à l'Enseignement Supérieur. Un premier plan d'ensemble du futur Centre Universitaire, Technique et Sportif était proposé, prévoyant la construction d'une nouvelle École de Chimie (exposé de J. Lichtenberger) d'un Collège Scientifique Universitaire pour l'enseignement de propédeutique (exposé de J.B. Donnet) du Centre de Recherches Textiles (exposé de J. Meybeck).

 

La construction du Collège Scientifique et celle de la Nouvelle École furent décidées par les Directeurs Berger et Donzelot pendant les séances de travail, et l'étude du programme pédagogique fut aussitôt commencée.  

 

L'état de santé de J.B. Donnet ne devait pas lui permettre d'amorcer la réalisation du Collège Scientifique, et J. Meybeck prit le relais. Une fois l'avant‑projet approuvé, dès juillet par le Ministère, un ensemble de salles de cours, de travaux pratiques, de bureaux, de magasins, fut aménagé en un temps record pendant les vacances, avec le concours irremplaçable des Services Techniques de la Ville, dans un atelier désaffecté de l'Usine DMC en attendant que soit mise en chantier la construction de locaux neufs. Tout était prêt pour accueillir à la rentrée universitaire de Novembre 1958, le nouveau Directeur du Collège Scientifique de Mulhouse, le Professeur P Taglang.

 

Le programme pédagogique de la nouvelle École de Chimie (11 500 m2 de salles de cours, de laboratoires de Travaux Pratiques et de Recherches, de Services généraux), plus long à élaborer, fut approuvé définitivement en juin 1960. Les appels d'offres furent lancés au début 1962 et la construction commença à l'automne.    

 

La 1ère pierre était posée le 21 mai 1963 par Monsieur Christian Fouchet, Ministre de l'Éducation Nationale. Le 11 octobre 1965, la promotion entrante était accueillie avec un peu plus de solennité que de coutume dans les nouveaux bâtiments de l'lllberg, qui furent inaugurés le 26 mai 1966, à l'occasion de la célébration du Centenaire d'Alfred Werner, Prix Nobel de Chimie 1913 et Mulhousien d'origine. Cette manifestation présidée par M. Pierre Aigrain, Directeur des Enseignements Supérieurs rassembla les personnalités les plus éminentes du monde universitaire, de l'Industrie et des Collectivités locales.  

 

Quant aux laboratoires laissés vides au Quai du Fossé, le Conseil d'Administration de la Fondation décida d'y poursuivre de nouvelles activités de recherches. Des démarches entreprises auprès du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) devaient aboutir à la signature, le 5 juillet 1967, d'une convention suivant laquelle la Fondation mettait à la disposition de cet organisme l'ensemble des bâtiments, moyennant un loyer symbolique, à charge pour le CNRS de rénover les locaux qui en valaient la peine et de démolir les parties trop vétustes.  

 

Et c'est ainsi que fut créé, le 10 juillet 1967, à l'initiative de l'École et grâce au concours du CNRS, un nouvel Institut, le Centre de Recherches sur la Physico-chimie des Surfaces Solides, dont le Professeur Donnet assura la Direction et qui, cinq années plus tard, devait abriter une cinquantaine de chercheurs.  

 

Évolution de l'École de 1957 à 1972 (30)

Pendant les quinze années qui ont suivi le rattachement de l'École à l'Université de Strasbourg, des modifications très sensibles vont être apportées au recrutement des élèves­ ingénieurs, à l'organisation des études, à la composition du corps professoral, pour aboutir au cadre « 1972 » de fonctionnement de l'École, qui sera présenté dans un opuscule séparé.  

 

Les concours  

Depuis 1950, l'E.S.C.M. comme chacune des autres Écoles Nationales Supérieures ou assimilées, organisait son propre concours, auquel se présentaient, soit des élèves des classes préparatoires des Lycées sur program­me ENSI Bl, B2, soit des élèves de la classe prépara­toire à l'E.S.C.M. fonctionnant au Collège Scientifique Universitaire de Mulhouse (CSUM) à partir de 1958, sous forme d'un MFC renforcé.  

 

En 1965, le Ministère ayant décidé de regrouper les concours des Écoles Nationales Supérieures de Chimie sous forme de trois concours jumelés Nord, Sud, Paris, l'École de Mulhouse va recruter 2/3 de sa promotion sur « concours commun », et 1/3 sur "concours particulier, qui continue d'être réservé aux étudiants de la classe préparatoire du CSUM. A partir de 1968 dans le cadre de la nouvelle réforme de l'Enseignement Supérieur, ce mode de recrutement parmi les étudiants ayant suivi le 1er cycle des Facultés, ayant été réglementé et généralisé pour toutes les Écoles d'Ingénieurs, Mulhouse et Strasbourg vont organiser conjointement chaque année un concours spécial pour les étudiants pourvus du DUES. Les résultats obtenus au cours de leurs études ultérieures par les candidats préparés au CSUM allaient se révéler extrêmement satisfaisants.  

 

L'organisation des études depuis 1957 va être déterminée essentiellement par deux facteurs : 

-  la nécessité de maintenir à un haut niveau l'enseignement des Sciences fondamentales et des techniques, en même temps qu'il fallait approfondir les domaines des « spécialités » mulhousiennes,  

- l'obligation de réduire la durée des études de 4 à 3 ans. 

 

 

Les « Spécialités »  

II est décidé en 1958 d'ouvrir une Sème Section, dite C, de Chimie Macromoléculaire Plastique, répondant au vœu de l'Industrie et du Professeur Sadron « souhaitant qu'une École de Chimie de son voisinage soit à même de former pour le Centre de Recherches Macromoléculaires de Strasbourg des Ingénieurs-Chimistes avertis ».  

 

Et c'est ainsi que tout naturellement, quand fut lancée l'idée de la création de la première École Française et sans doute Européenne, d'Application des Hauts Polymères, la Section C de l'ESCM fut choisie en octobre 1965 comme cadre pour la 1ère année d'enseignement à Mulhouse de cette nouvelle École, en attendant son installation à Strasbourg dans des locaux neufs. Cette 1ère année mulhousienne devait fonctionner jusqu'en 1971.  

 

Création des enseignements de 3ème cycle

et réduction de la durée des études  

C'est à la demande de l'Industrie que la durée des études avait été portée en 1930 à 3 ans et demi, puis en 1945 à 4 ans, afin de pouvoir dispenser un enseignement scientifique de base suffisamment complet, et consacrer la dernière année d'études à des travaux de recherches, celte formation ayant été reconnue comme l'une des meilleures pour développer l'esprit d'initiative des futurs ingénieurs et leur apprendre à se servir de leurs connaissances.  

 

Or, la durée de la préparation au concours étant passée de 1 à 2 ans, et même pour un certain nombre de candidats à 3 ans, le diplôme ne pouvait plus être délivré finalement qu'après 6 années d'études minimum au delà du Baccalauréat, auxquelles pouvaient encore s'ajouter 3 ou 4 années pour la préparation d'une thèse de Docteur Ingénieur ou de Docteur-ès-Sciences.  

 

II semblait donc raisonnable d'envisager - comme le demandait d'ailleurs le Ministère depuis longtemps - de délivrer un diplôme d'ingénieur après trois ans d'études, à condition toutefois de pouvoir maintenir les enseignements de spécialités et développer les recherches dans ces domaines.  

 

Ces deux objectifs ont été atteints :  

-  en ramenant dès la rentrée d'octobre 1966, en 3ème année, un certain nombre de cours jusque là suivis en 4ème année et qui ont été jugés indispensables à la formation d'un Ingénieur Chimiste. 

-  en créant à l'ESCM en 4ème année, des enseignements de type universitaire dont la matière correspondait pour une très large part aux cours de spécialités.  

 

Ce genre d'enseignement qui, jusqu'alors, n'était dispensé dans l'Académie qu'à la Faculté des Sciences de Strasbourg, visait à la délivrance d'Attestations d'Etudes Approfondies (AEA) et de Diplômes d'Études Approfondies (DEA).  

 

Grâce à la compréhension des collègues strasbourgeois, un tel enseignement a pu être organisé à l'École dès octobre 1966, sous forme d'options mulhousiennes de D.E.A. existant déjà à Strasbourg.  

 

Techniquement la tâche était relativement facile, car les enseignements prévus pour Mulhouse figuraient déjà pour une grande part au programme de l'École en 3ème et 4ème année, et ne faisaient pas double emploi avec ceux donnés à Strasbourg, à part quelques domaines nécessairement communs.  

 

Quant aux travaux pratiques, aux travaux dirigés, aux stages de recherches, leur organisation ne soulevait aucun problème, étant donné la place qu'ils occupaient traditionnellement dans l'enseignement mulhousien

 

Ces DEA étaient les suivants :  

- DEA de Physique moléculaire - option chimie macromoléculaire industrielle (matières plastiques),

- DEA de Chimie organique - option chimie organique structurale,

- DEA d'Électrochimie - option applications aux phénomènes de surface.  

 

A la rentrée de 1968, l'enseignement de la Section Textile fut repris dans le cadre d'un DEA de chimie appliquée de Strasbourg avec l'option : Textile-Colorants .  

 

En octobre 1970, le Centre Universitaire du Haut-Rhin (CUHR) est créé, et il va reprendre progressivement à son compte l'organisation de ces D.E.A., dont le programme pour certains d'entre eux, a été modifié en fonction des possibilités mulhousiennes. Ainsi au cours de l'année 1971-1972 ont été préparés les DEA de :  

- Chimie organique (CUHR)

- Chimie physique - option Spectroscopie‑option Physico-Chimie des Surfaces (CUHR)

- Physique moléculaire - option fibres et matériaux macromoléculaires

- (Université Louis Pasteur Strasbourg).  

 

Parallèlement à la prise en charge des « spécialités » de 4ème année à l'École, sous forme d'un enseignement de Sème cycle, l'organigramme des cours était assez profondément modifié, en regroupant les enseignements des Sciences de l'Ingénieur en 3ème année.

 

La culture scientifique de base était développée (notamment la chimie générale, la chimie physique) en allégeant les programmes des parties descriptives de telle sorte que les étudiants de l'École puissent se présenter éventuellement aux certificats de la maîtrise de chimie physique qui allait être créée à la rentrée de 1970 au CUHR.  

 

D'autre part, en 3ème année, une place de plus en plus importante était donnée au cours de génie chimique, de chimie industrielle, de droit des affaires, de comptabilité.  

 

Enfin des cours de langues étaient ouverts à partir d'octobre 1965.  

 

Les conditions étaient ainsi remplies pour détacher la 4ème année de « spécialités » des trois années nécessaires à la formation des Ingénieurs, et le 8 décembre 1969 était pris l'arrêté visant « l'organisation des études et de la scolarité à l'École Supérieure de Chimie de Mulhouse », ramenant la durée des études à trois ans.  

 

Transitoirement, une promotion sortait au bout de trois ans et un semestre en février 1970, la suivante normalement, après trois ans d'études.  

 

A noter que la plupart des jeunes ingénieurs, après avoir obtenu leur diplôme restent à l'École pour préparer un DEA de spécialités, amorce le plus souvent d'une thèse de Doctorat.  

 

Le corps professoral  

Toutes ces transformations n'allaient pas être sans incidence sur la composition du corps professoral, en même temps que d'anciens maîtres prenaient leur retraite ou que certains collègues étaient appelés à de nouvelles fonctions.  

 

D'autre part, la diversification de l'enseignement, le développement aussi de quelques disciplines devaient entraîner un renforcement de l'encadrement.  

 

En 1957, E. Banderet, Professeur de Physique prend sa retraite et il est remplacé par G. Perny de l'équipe du Professeur Nikitine de Strasbourg.  

 

J.P Fleury, R. Freytag, A. Hatterer, Mlle Weil, Mlle Bihl sont appelés aux postes nouvellement créés de chefs de travaux d'organique, de traitements textiles, d'analyse quantitative minérale, d'analyse quantitative minérale, de physique.  

 

J.J. Ludwig conférencier, est remplacé par J. Delange et M. Deroussent au cours de Physique industrielle qui vient d'être profondément remanié et qui prend le nom « d'opérations fondamentales de génie chimique ».

 

L'année suivante, J.P Fleury et A. Hatterer sont nommés maîtres de conférences assimilés, le premier professant une partie du cours de chimie organique, l'autre partie étant confiée à J. Meybeck, le second étant chargé du cours de chimie minérale industrielle.  

 

En 1959, le Professeur Lichtenberger prend sa retraite et quitte la chaire de chimie organique. A son départ le 26 juin, ses anciens élèves et le corps professoral témoignent à leur Maître et Collègue, leur admiration et leur gratitude pour ses talents d'enseignant, et son action inlassable comme Directeur.

 

Le 28 novembre 1963, lui était remise à la Société Industrielle de Mulhouse une médaille gravée à son effigie, en gage de reconnaissance et d'amitié.  

 

En novembre 1959, G. Gianola à qui avait été confié depuis quelques mois le cours de Chimie Textile trouvait la mort dans un accident d'automobile et peu après, A. Hérold, Professeur de chimie minérale quittait l'Ecole pour occuper la chaire de chimie minérale industrielle à Nancy. Et ce fut seulement à la rentrée de 1960 que les nouveaux titulaires R. Schutz, Chef du Service de chimie macromoléculaire au Centre de Recherches Textiles et R. Wey, ancien collaborateur du Professeur Goldsztaub de Strasbourg et spécialiste de cristallographie, purent prendre leurs fonctions. 

 

Par la suite, des maîtres assistants, G. Riess (1962), D. Saehr (1962), F. Bloc (1963) puis L. Kobel (1966), J. Messiet (1966) viennent renforcer les équipes d'enseignement et de recherche, en chimie physique macromoléculaire, chimie minérale, analyse quantitative minérale, chimie physique.  

 

En octobre 1968, A. Banderet, nommé Professeur associé à l'École des Hauts Polymères à Strasbourg, sera remplacé par G. Riess dans la chaire de chimie physique macromoléculaire.  

 

R. Freytag, chargé du cours de Physico-Chimie des traitements textiles est promu maître de conférences assimilé.  

 

Cette même année, la chaire de physique laissée vacante par le départ de G. Perny nommé Professeur de physique appliquée à l'Institut Universitaire de Technologie de Mulhouse, est transformée en chaire de chimie quantique et de spectroscopie que vient occuper en mars 1969 J. Faure, jusque là maître-assistant à Bordeaux.  

 

En 1970 et 1971, deux nouveaux postes de maîtres-assistants sont pourvus de titulaires : G. Killé en chimie organique et J.L. Guth en chimie générale.  

 

En 1970 également, J. Streith, Professeur de chimie au C.S.U.M. est appelé officiellement à participer aux activités de l'Ecole.  

 

En 1971, les cours d'opérations fondamentales de génie chimique, de droit des affaires, de comptabilité sont remaniés, un cours d'électrotechnique est créé, et de nouveaux conférenciers : M. et R. Berger, D. Froessel, J.P Prigent, M. Pfleger, A. Jaeck viennent apporter leur collaboration.  

 

Les évènements de mai 1968

et leur incidence sur les nouvelles structures de l'école 

 

Comme dans les Facultés et dans toutes les autres grandes Écoles, les étudiants et les enseignants se sont trouvés confrontés avec tous les problèmes soulevés à cette époque, mais il faut souligner qu'à l'ESCM, la contestation, sans perdre de sa vigueur, a pris une forme constructive et s'est orientée vers un travail de réflexion, uniquement axé sur des questions d'ordre universitaire et qui a pris tout naturellement la suite des travaux déjà amorcés au fil des années avec les étudiants, l'Association Amicale des Anciens Élèves de l'École (enquêtes, discussions), avec le Comité Technique et la Direction de l'École. 

 

Ainsi, le sérieux manifesté par les étudiants, l'attention portée par les Professeurs à leurs réflexions, ont permis d'avancer dans la voie d'une collaboration efficace dans l'avenir, et pour l'immédiat, de terminer l'année scolaire dans les moins mauvaises conditions, compte tenu des circonstances.  

 

Beaucoup plus importantes pour l'École allaient être les conséquences des changements profonds des structures universitaires à la suite des événements de mai 1968.  

 

En effet, l'ancienne Université de Strasbourg, ayant disparu, l'École s'est trouvée dans l'obligation de se rattacher à un nouvel organisme universitaire. Le Centre Universitaire du Haut-Rhin (CUHR) créé en 1970, était un nouveau partenaire tout indiqué et on pouvait penser que ce choix une fois fait, il suffirait de modifier les statuts de l'École en les accordant à la loi d'orientation, et de reconduire avec le CUHR la convention de 1957 qui la liait à l'ex‑Université de Strasbourg.  

 

Mais il est apparu que la loi d'orientation fixait en fait un cadre beaucoup plus rigide que par le passé au fonctionnement d'un établissement privé comme l'ESCM, rattaché à un établissement public comme le CUHR, et entraînait dans son application de très nombreux problèmes.  

 

Et il a fallu pratiquement deux années, de longues et délicates études ou mises au point, de navettes entre les Services Ministériels, le CUHR et l'École, pour que les Conseils des deux partenaires approuvent le premier texte d'un protocole d'accord les 10 et 14 janvier 1972, puis d'ultimes modifications à ce texte les 7 et 10 juillet 1972, avant que ne soit pris le Décret de rattachement le 9 août 1972.  

Aux termes de ce décret, « l'École sera dotée de statuts analogues à ceux d'une Unité d'Enseignement et de Recherche préparant à un diplôme d'Ingénieur, du type École Nationale Supérieure d'Ingénieur ».  

Après une existence d'un siècle et demi 

 

Ainsi, après une existence d'un siècle et demi, au travers des guerres, des difficultés de tous ordres, l'École Supérieure de Chimie de Mulhouse, apparaît une Institution toujours jeune et dynamique, tournée comme à l'origine de sa création, vers l'action et l'efficacité. Les raisons de ce succès sont sans doute assez simples :  

 

La compétence, le dévouement des enseignants, des Directeurs qui se sont succédés à l'École depuis sa fondation. Aussi à l'occasion de ce cent-cinquantenaire, est-ce un agréable devoir de leur rendre un solennel témoignage d'estime et de gratitude.  

 

La souplesse de fonctionnement assurée par les Statuts successifs dont l'École a été dotée, permettant à ses professeurs de prendre rapidement toutes initiatives pour adapter constamment leur enseignement aux progrès de la Science et de la Technique, dans le cadre d'un ensemble cohérent.  

 

Enfin et surtout, le fait d'avoir traduit dans la réalité, et pratiquement depuis 1822, la liaison Enseignement -Recherche ‑ Industrie. Et c'est ainsi que déjà quelques années après la création du "cours de chimie appliquée aux « Arts » on trouve les références, dans le Bulletin de la Société Industrielle de Mulhouse de 1827 des premières publications relatives aux travaux de recherche d'ordre scientifique, ou appliquée, intéressant notamment l'Industrie de l'Impression sur étoffes, faites par Edouard Koechlin, Léonard Schwarz, Jean Zuber, Achille Penot...  

 

Cette activité de recherche fondamentale et appliquée s'est développée pendant 150 ans, elle a conduit à de nombreuses découvertes ou réalisations industrielles faites soit dans les laboratoires de l'École soit par des anciens élèves en poste dans l'Industrie.  

 

Tout d'abord orientée vers le domaine des matières colorantes, des traitements textiles, la recherche s'est diversifiée dans de nombreux autres secteurs de l'Industrie Chimique au fur et à mesure de l'expansion de cette dernière.  

 

Mais il faut souligner dès maintenant que, à partir du rattachement de l'ESCM à l'Université de Strasbourg en 1957 - grâce aux nouveaux moyens dont elle avait été dotée - la progression de l'activité de recherche a été considérable.  

 

En quinze ans, de 1957 à 1972, 141 thèses ont été soutenues, et 729 mémoires ont été présentés. Parallèlement, selon les traditions mulhousiennes, ces résultats débouchaient sur de nombreuses applications pratiques ainsi qu'en témoignent les 45 brevets pris depuis 1957.  

 

Par une curieuse coïncidence, l'ESCM commémore le 150ème anniversaire de ses origines l'année même où elle va, une nouvelle fois, tourner une page d'une longue histoire, en se rattachant au Centre Universitaire du Haut-Rhin. Que sera l'avenir de l'École dans ce nouveau cadre de fonctionnement ? Liée de façon plus étroite que naguère à l'Université, l'École voit son sort dépendre largement de celui du CUHR, c'est-à-dire du développement de l'enseignement supérieur dans le Haut-Rhin. Réciproquement, le rayonnement, l'expansion du CUHR, ne peuvent se concevoir sans une ESCM dotée comme dans un passé récent, des moyens nécessaires pour remplir sa mission.  

 

Aussi, forte de ses traditions, de ses facultés d'adaptation, riche des succès industriels et scientifiques de ses Anciens, assurée du dynamisme et du dévouement de son corps enseignant, de son personnel, et confiante dans la qualité de ses futurs ingénieurs, l'École Supérieure de Chimie de Mulhouse peut‑elle aborder avec optimisme, un nouvel avenir à l'entrée dans sa 151ème année.  

 

Puisse l'ESCM assurer longtemps encore la pérennité de l'œuvre déjà accomplie, demeurer fidèle à sa vocation qui est de former des ingénieurs hautement qualifiés, des chercheurs, des chefs d'entreprise, des hommes enfin dans la plus noble acception du terme.  

 

 

 

Références bibliographiques

   

(1)

     

Raymond Oberlé, l'Enseignement à Mulhouse de 1798 à 1870, Les Belles Lettres, Paris, 1961

(2)

Raymond Oberlé, Les Débuts de l'École de Chimie de Mulhouse, Bull. des Professeurs du Lycée de Garçons de Mulhouse, 1, 1962  

(3)

Les Affiches, 16 février 1822, n°7  

(4)

Archives Municipales de Mulhouse, Rétributions scolaires, 1822, R II Be 2  

(5)

Archives Municipales de Mulhouse, Lettre de Degenne au Maire, 26 juin 1824, R II Da 2  

(6)

  Archives Municipales de Mulhouse, 20 novembre 1824, R II Da 2  

(7)

Affiches de Degenne, 1er novembre 1824, Archives Municipales R II Da 2  

(8)

Archives Municipales de Mulhouse, R II Ab 2, 3  

(9)

  Archives Municipales de Mulhouse, R II Ab 2, 3  

(10)

Histoire de l'École de Chimie de Mulhouse, Jubilé Noelting, 1905

(11)

Bulletin Société Industrielle de Mulhouse, XLVIII, p. 943  

(12)

Centenaire de la Société Industrielle de Mulhouse, 1926, 1, 118 à 124  

(13)

Emilio Noelting, Actes de la Soc. Helv. de Sc. Nat., Zermatt, 1913, p. 3-13  

(14)

L'Industrie de Mulhouse au XIXè siècle, p. 98  

(15)

  Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 70, 335, 1898  

(16)

Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 79, 489, 1907  

(17)

Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 81, 490, 1909  

(18)

Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 84, 627, 1912  

(19)

Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 85, 783, 1913  

(20)

Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 91, 237, 1919  

(21)

Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 100, 180, 1928  

(22)

Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 94, 653, 1922  

(23)

  Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 95, 701, 1923  

(24)

Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 100, 713, 1928  

(25)

Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 99, 569, 1927  

(26)

Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 111, 26, 1947  

(27)

Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, 103, 604, 1931  

(28)

Gründung des 0berrheinischen Textilvereins und Erâffnung des Hochschulinstituts für Textilchemie, 15 mai 1943  

(29)

Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, n°2, 1958  

(30)

Bull. Soc. Industrielle Mulhouse, n°4, 1966